Tunisie. Le gouvernement prévoit de recruter et de régulariser 52 000 fonctionnaires en 2026

Siège du gouvernement, la Kasbah, Tunis
Le gouvernement tunisien a annoncé son intention de recruter et de régulariser la situation de 52 000 agents de la fonction publique en 2026, une décision d’ampleur qui s’inscrit dans un contexte économique délicat et dans un climat social marqué par de fortes attentes.
Annoncée par le gouvernement Zaafrani en marge de la nouvelle loi de finances 2026, cette mesure vise à la fois à combler les besoins réels dans certaines administrations et à résoudre plusieurs dossiers en suspens, notamment ceux des travailleurs contractuels, des mécanismes d’emploi précaire et des diplômés engagés dans des programmes publics ces derniers mois, et ce après de longues années de gel des recrutements dans la fonction publique.
Selon les premières indications, une part importante de ces 52 000 postes concernera la régularisation, un terme qui englobe l’intégration de milliers de personnes travaillant déjà dans des structures étatiques mais sans statut clair ou sans contrat permanent. Pressé par le Palais de Carthage, le gouvernement souhaite ainsi mettre fin à une forme de précarité administrative devenue structurelle, qu’il s’agisse des contractuels de longue date, des agents recrutés via les mécanismes 16 et 20, ou encore des diplômés placés temporairement dans des administrations locales.
Concomitamment à cela, une autre tranche de ces effectifs devrait relever de nouveaux recrutements, ciblés dans les secteurs jugés prioritaires : éducation, santé, sécurité publique et services administratifs locaux. Les ministères concernés plaident depuis plusieurs années pour un renforcement de leurs équipes également face au vieillissement du personnel et à une vague de départs à la retraite.
12 ministères concernés
Cette annonce intervient cependant dans un contexte budgétaire extrêmement contraint. Alors que la masse salariale publique représente déjà l’une des plus élevées de la région en proportion du PIB (13,4%) avec près de 660 mille fonctionnaires, cette décision soulève des interrogations quant à sa soutenabilité financière. Des économistes rappellent que la fonction publique absorbe une large part des dépenses de l’État et que de tels engagements nécessitent soit une croissance notable des recettes fiscales, soit des arbitrages budgétaires sensibles.
Le gouvernement défend, pour sa part, une mesure « nécessaire » pour stabiliser des milliers de familles, améliorer le fonctionnement des administrations et apaiser un climat social tendu. Il avance également que la régularisation de situations existantes n’entraînera pas une hausse massive des coûts, puisque ces travailleurs sont déjà rémunérés via des lignes budgétaires différentes.
Les prochains mois seront décisifs : il reste à préciser le calendrier, les catégories d’agents concernées, ainsi que l’impact de cette mesure sur la réforme administrative en cours. Les syndicats, eux, voient dans cette décision une victoire partielle, tout en appelant à davantage de transparence et à une stratégie globale de modernisation de la fonction publique.
Les recrutements et régularisations sont répartis comme suit :
- Titulaires d’un doctorat (promotion 2026) : 1.350 postes
- Ministère de l’Éducation : 18.079 postes, dont 13.837 dans le cadre de la régularisation de la situation des enseignants suppléants
- Ministère de la Défense : 3.728 postes
- Ministère de l’Intérieur : 2.695 postes
- Ministère de la Justice : 1.196 postes
- Ministère des Finances : 1.754 postes
- Ministère de la Santé : 4.000 postes
- Ministère de la Jeunesse et des Sports : 2.358 postes
- Ministère de l’Agriculture : 1.196 postes
- Ministère de l’Enseignement Supérieur : 367 postes
- Ministère des Affaires Sociales : 310 postes
- Ministère des Affaires Culturelles : 183 postes
- Ministère de l’Emploi : 475 postes
- Ministère du Commerce : 90 postes
- Autres secteurs : 1.155 postes
