Accord de 1968 avec l’Algérie : une renégociation plutôt qu’une abrogation

 Accord de 1968 avec l’Algérie : une renégociation plutôt qu’une abrogation

Le Premier ministre français Sebastien Lecornu à l’Assemblée nationale. (Photo : ALAIN JOCARD / AFP)

Hier (4 novembre) à l’Assemblée nationale, Sébastien Lecornu a affirmé sa volonté de renégocier l’accord franco-algérien de 1968. Celui-ci avait été « dénoncé » jeudi dernier par les députés.

« Je ne crois pas à l’abrogation de cet accord, mais à sa renégociation », déclarait Sébastien Lecornu, hier à l’Assemblée nationale.

Le Premier ministre répondait à une attaque frontale de la cheffe de file des députés Rassemblement national, Marine Le Pen.

« Après 57 ans d’un accord anachronique, peu glorieux pour l’Algérie et léonin pour la France, il était temps de purger les reliquats d’une situation coloniale », estimait la députée du Pas-de-Calais, avant de réclamer des avancées sur l’abrogation de l’accord.

Jeudi dernier (30 octobre), la proposition de résolution du RN visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968 avait été votée par les députés.

Hier, Sébastien Lecornu a jugé bon de repréciser qu’il s’agissait seulement d’une résolution.

A droite toute

185 voix pour et 184 contre. C’est avec la plus courte des majorités que la proposition de résolution dénonçant l’accord de 1968 avec l’Algérie a été adoptée jeudi dernier.

Une courte victoire mais un énorme changement provoqué par ce vote symbolique : pour la première fois, une proposition émanant de l’extrême-droite a été votée à l’Assemblée nationale. Une première rendue possible par l’appui des députés de LR et d’Horizon.

Juste après le vote, Marine Le Pen s’est félicitée d’une « journée que l’on peut qualifier d’historique pour le Rassemblement national ».

De l’autre côté de la Méditerranée, Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, estimait (2 novembre) que, pour l’instant, c’était une affaire franco-française :

« C’est une affaire entre l’Assemblée nationale française et le gouvernement français. C’est une affaire franco-française. Elle ne nous concerne pas pour le moment. Elle pourrait nous concerner si ça devenait une affaire de gouvernement à gouvernement ».

Discussions

« Quels que soient nos désaccords, on doit être capables de mener une discussion qui soit exigeante et qui protège nos intérêts », déclarait Sébastien Lecornu à propos de la relation entre Paris et Alger.

Le Premier ministre invitait tout le monde à voir au-delà de la simple question migratoire pour aborder des aspects plus sécuritaires dont « la question de la lutte contre le terrorisme et la coopération en matière de sécurité, la question de la pression terroriste qui monte au Sahel, les questions de sécurité maritime et puis les questions économiques ».

Enfin, Sébastien Lecornu appelait à discuter avec « beaucoup de sang-froid » afin, notamment, d’avancer sur la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, toujours emprisonnés en Algérie.

>> Accord franco-algérien du 27 décembre 1968 (PDF)