Lettre ouverte au Sénat contre la stigmatisation des musulmans

Photo : LIONEL BONAVENTURE / AFP
Des responsables du culte musulman, des acteurs associatifs et des intervenants de terrain ont adressé une lettre au président du Sénat pour exprimer leur « lassitude ».
« Nous prenons acte de la publication récente du rapport de la commission sénatoriale consacrée à la “lutte contre l’islamisme”, ainsi que des propositions qui l’accompagnent », écrivent-ils.
« Cet énième rapport s’inscrit dans une séquence devenue tristement familière pour les millions de citoyens français de confession musulmane : celle d’une instrumentalisation politique systématique de leur pratique cultuelle. »
Interdiction du voile et du jeûne avant 16 ans, lutte contre les mariages forcés, laïcité dans le sport… Les sénateurs Les Républicains avancent une série de mesures censées combattre ce qu’ils qualifient « d’entrisme islamiste ».
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Climat préoccupant
Dans leur lettre adressée au président du Sénat, Gérard Larcher, les signataires se disent « lassés d’être décrits, analysés, disséqués par des personnes qui ne [les] connaissent pas », dénonçant un « climat préoccupant » et « une parole de stigmatisation qui se banalise ».
Parmi eux figurent : Najat Benali (Coordination des associations musulmanes de Paris), Bassirou Camara (Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans), Mohamed Ould Kerroubi (Conseil des institutions musulmanes des Yvelines), Abdenour Bastianelli (Conseil national des aumôneries musulmanes)…
Plusieurs signataires sont membres du Forum de l’islam de France, une instance réunissant des acteurs de terrain désignés par les pouvoirs publics.
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Perception erronée
« Ces dernières années, et de manière particulièrement intense ces derniers mois, l’espace public est saturé par une surenchère de publications sensationnalistes, de rapports approximatifs, d’enquêtes manifestement biaisées et de sondages réducteurs », soulignent-ils.
« Cette production industrielle de la suspicion nourrit une perception erronée, contraire à la réalité vécue quotidiennement par nos concitoyens musulmans et, plus largement, par l’ensemble de la société française. »

