Le sondage sur l’antisémitisme à l’université a finalement été interrompu

Science Po Paris – (Photo de Franck FIFE / AFP)
Vivement critiqué par le monde universitaire, le sondage sur l’antisémitisme à l’université, mené par le Cevipof et l’Ifop, a été interrompu.
« Il a été convenu de mettre un terme à l’enquête », un message laconique visible en cliquant sur le lien du sondage Cevipof-Ifop depuis hier (2 décembre).
Le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et l’Ifop avaient été mandatés par le ministère de l’Enseignement supérieur pour conduire un sondage sur l’antisémitisme à l’université.
Cette enquête visait à « mieux documenter les expériences et perceptions des personnels sur les actes antisémites dans l’enseignement supérieur », selon les équipes de recherche.
Or, selon ces dernières, « les conditions de sérénité et donc de participation suffisante n’étant plus réunies malgré l’importance du sujet, le Cevipof et l’Ifop ont décidé d’interrompre l’enquête dans sa forme initiale après en avoir informé le ministère ».
Recours
Le sondage, et notamment son contenu et ses conditions de mise en œuvre, avait été vivement critiqué par le monde universitaire.
Si bien que, vendredi dernier (28 novembre), la FSU (Fédération syndicale unitaire), la LDH (Ligue des droits de l’homme) ainsi que six enseignants-chercheurs avaient déposé un recours en urgence devant le Conseil d’Etat visant à contraindre le ministère de prendre des mesures pour interrompre cette enquête.
Hier, l’avocate des requérants, Marion Ogier, se félicitait de la désactivation du lien menant au sondage mais rappelait qu’aucune « annonce formelle » du ministre confirmait son abandon.
Pétition
Via un courrier datant du 18 novembre, le ministère de l’Enseignement supérieur demandait aux présidents d’universités de diffuser le sondage auprès de « l’ensemble de leurs personnels ». Une demande refusée par de nombreux présidents.
Le 24 novembre, plusieurs organisations, dont la LDH et le Syndicat de l’Enseignement supérieur (SNESUP-FSU) diffusaient une pétition. Elles y relevaient plusieurs problèmes liés à cette enquête.
Absence de déclaration auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), absence d’étude d’impact relative à la protection des données, anonymisation non garantie, entre autres anomalies.
De plus, les organisations soulignaient qu’il « n’appartenait pas à l’Etat de collecter des données sur les opinions religieuses ou politiques des agents publics ».
De son côté, le Cevipof assurait que tout avait été mis en place « pour préserver l’anonymat des répondants ».
