Première mondiale de El Sett au Festival international du film de Marrakech

 Première mondiale de El Sett au Festival international du film de Marrakech

Pour Mona Zaki, El Sett met avant tout en lumière l’humanité de la diva, ses hésitations, ses blessures et sa force intérieure

Le long-métrage El Sett, réalisé par le cinéaste égyptien Marwan Hamed, a été projeté en première mondiale mercredi, 3 décembre, dans le cadre de la 22ᵉ édition du Festival International du Film de Marrakech.

Le film retrace le parcours exceptionnel d’Oum Kalthoum, de ses origines modestes à sa consécration comme icône absolue de la chanson arabe.

De la campagne du Delta du Nil à la scène : une destinée hors du commun

Dans ce biopic de 160 minutes, la diva est incarnée par l’actrice Mona Zaki, qui revisite la trajectoire d’une enfant issue d’un petit village du delta du Nil, grandissant dans une société orientale conservatrice où les femmes n’avaient pas leur place sur scène. Très jeune, Oum Kalthoum débute sa carrière à l’adolescence, contrainte de se déguiser en garçon pour pouvoir chanter en public. Le film restitue avec intensité les refus, les obstacles et les humiliations auxquels elle fait face, avant de franchir les étapes déterminantes de sa transformation, marquées par des moments de rupture et des décisions difficiles. Il montre comment cette jeune chanteuse, confrontée aux conventions sociales et aux résistances de son époque, parvient peu à peu à s’imposer et à devenir « la Planète de l’Orient », une légende vivante dont la voix a envoûté des millions d’auditeurs, jusqu’à s’inscrire dans la mémoire musicale collective comme une présence éternelle.

Un projet nourri par la passion du cinéma biographique

Lors de la conférence de presse qui a suivi la projection, Marwan Hamed a expliqué que son attrait pour les films biographiques était à l’origine du projet El Sett. Le film a par ailleurs bénéficié du soutien des Ateliers de l’Atlas, rattachés au Festival International du Film de Marrakech. Selon le réalisateur, Oum Kalthoum demeure aujourd’hui une légende encore profondément présente dans la conscience collective et une figure d’influence majeure, en particulier en tant que femme ayant poursuivi son rêve envers et contre tout. Il a également souligné que le film ne prétendait pas rivaliser avec les œuvres antérieures consacrées à la Diva de l’Orient, mais qu’il cherchait à enrichir son image et à la rendre accessible à une nouvelle génération. À ses yeux, la vie d’Oum Kalthoum est une source inépuisable de récits et peut nourrir de nombreux projets artistiques.

Humaniser l’icône sans la sacraliser

Le réalisateur a indiqué que le parti pris du film était de privilégier la dimension humaine, en révélant des aspects « dont nous n’avions pas conscience », loin de toute sacralisation systématique. Certains passages sont volontairement traités en noir et blanc pour traduire les phases de douleur, de tension et de conflit, contrastant avec d’autres séquences lumineuses symbolisant des périodes plus sereines ou triomphantes de sa vie.

Mona Zaki : « Le rôle le plus difficile de ma carrière »

À propos du choix de la grande actrice Mona Zaki pour incarner Oum Kalthoum, Marwan Hamed a expliqué qu’il s’agissait d’une actrice « influente, dotée d’un courage rare et d’une capacité à transpercer l’écran pour atteindre le cœur du public ». Il estime qu’elle était la plus à même d’exprimer les messages portés par le film. De son côté, l’actrice a confié que ce rôle était « le plus difficile de sa carrière » et qu’il l’avait profondément transformée. Elle s’est dite fière de présenter la première mondiale du film à Marrakech, qualifiant le festival de « plateforme unique pour les talents » et de lieu privilégié de rencontres avec de grands artistes. Pour elle, El Sett met avant tout en lumière l’humanité de la diva, ses hésitations, ses blessures et sa force intérieure.

Une distribution prestigieuse et une filmographie déjà saluée

Aux côtés de Mona Zaki, El Sett réunit une distribution prestigieuse : Sayed Ragab, Ahmed Khaled Saleh, Mohamed Farag, Karim Abdel Aziz et Ahmed Helmy.

Le réalisateur Marwan Hamed s’est fait connaître dès ses débuts avec le court-métrage primé Leyla, avant de réaliser son premier long-métrage remarqué L’Immeuble Yacoubian, présenté et salué dans de nombreux festivals internationaux, notamment à Cannes, Berlin, Chicago et Marrakech. Sa filmographie comprend également Ibrahim Al-Abyad, El-Fil El-Azraq — récompensé par neuf prix de la Société Égyptienne du Cinéma et le Grand Prix du Nil au Festival du cinéma africain de Louxor — ainsi que Les Originels (El-Asleyeen) et Poussière de Diamant (Torab El-Mas), lauréat du Grand Prix au Festival du Film Arabe de Casablanca.

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