Washington renforce son appui militaire à Tunis

 Washington renforce son appui militaire à Tunis

Les États-Unis ont procédé, jeudi 18 décembre 2025, à la remise « d’équipements de sécurité » d’une valeur de 1,4 million de dollars au profit de la Tunisie. La cérémonie s’est tenue en présence du fraîchement investi ambassadeur américain à Tunis, Bill Bazzi, officiellement dans le cadre du programme de soutien de Washington à la « lutte contre le terrorisme ». L’annonce a été officialisée par l’ambassade des États-Unis, qui a souligné la portée stratégique de cette dotation.

Dans son communiqué, la représentation diplomatique américaine a affirmé que cette initiative « reflète la force du partenariat sécuritaire continu entre les États-Unis et la Tunisie », mettant en avant un objectif commun : le renforcement de la sécurité des deux pays et la préservation de la stabilité régionale.

 

La participation de Bill Bazzi à cet événement, lui-même ancien officier militaire des Marines, marque l’une de ses premières apparitions officielles depuis sa prise de fonctions, intervenue quelques semaines seulement après son serment, succédant à Joey R. Hood, dont la mission s’est achevée en octobre 2025.

 

Un partenariat militaire ancien et structuré

Cette nouvelle dotation s’inscrit dans une coopération militaire bilatérale de longue date entre les deux pays. Début décembre, le ministre de la Défense nationale, Khaled Sehili, avait reçu l’ambassadeur américain pour réaffirmer le caractère stratégique des relations tuniso-américaines. Les deux parties ont alors salué les avancées enregistrées en matière de formation, d’entraînement, d’échange d’expertises, de sécurisation des frontières et de renforcement des capacités opérationnelles de l’armée tunisienne.

Le ministre tunisien a, à cette occasion, appelé à accélérer la mise en œuvre des engagements issus de la commission militaire mixte tuniso-américaine ainsi que de la feuille de route de coopération 2020-2030, dans un contexte marqué par la montée de menaces non conventionnelles : terrorisme, criminalité transfrontalière, migration irrégulière et traite des personnes.

 

Échanges de haut niveau et feuille de route 2020-2030

La dynamique de coopération s’est également traduite par un entretien téléphonique, le 12 décembre 2025, entre Khaled Sehili et le sous-secrétaire américain à la Défense chargé des affaires de sécurité internationale, Daniel Zimmerman. Les discussions ont porté sur le renforcement du partenariat militaire, le programme de travail de la commission mixte et les perspectives de coopération prévues dans le cadre de la feuille de route 2020-2030.

Lors de cet échange, la partie tunisienne a insisté sur la nécessité de développer davantage les capacités opérationnelles et logistiques de l’armée nationale pour faire face aux défis sécuritaires émergents, en particulier la sécurisation des frontières et la lutte contre les réseaux criminels organisés. Washington a, de son côté, réitéré son engagement à poursuivre son appui, notamment par la fourniture d’équipements et l’intensification de la coopération sécuritaire.

 

Formation et ambitions régionales

Au-delà des équipements, la coopération tuniso-américaine repose sur un important volet de formation. En 2025, les centres et écoles militaires tunisiens ont assuré la formation de plus de 400 militaires issus de pays africains partenaires, renforçant la volonté de la Tunisie de s’affirmer comme un pôle régional et africain de formation et d’entraînement militaire.

Cette orientation devrait être consolidée lors de la prochaine réunion de la commission militaire mixte tuniso-américaine, prévue en mai prochain aux États-Unis. L’objectif affiché est d’évaluer les programmes en cours, d’affiner la coordination stratégique et de définir les priorités futures de la coopération bilatérale.

 

Le paradoxe d’une aide stratégique dans un contexte souverainiste

En sus des opérations communes avec l’Africom, la remise d’équipements d’une valeur certes modeste de 1,4 million de dollars illustre la dimension concrète du soutien américain à la Tunisie dans le domaine sécuritaire, en dépit des déclarations initiales côté américain d’une suppression à terme de l‘Africom jugée trop coûteuse par l’isolationnisme théorique de Donald Trump.

Cette collaboration au beau fixe met surtout en lumière une réalité politique plus nuancée qu’on pourrait le croire : malgré un discours officiel réorienté sous présidence Kais Saïed, axé sur la souveraineté nationale, la réduction de l’ingérence étrangère et la critique de certains financements extérieurs, l’État tunisien continue de privilégier et d’assumer les partenariats internationaux lorsqu’ils concernent des secteurs jugés stratégiques, au premier rang desquels la défense et la sécurité.

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