Asmaa Boujibar, de Casa à la NASA

 Asmaa Boujibar, de Casa à la NASA

Asmaa Boujibar, PhD, professeure assistante en sciences planétaires à la Western Washington University, Bellingham, Washington, États-Unis. Photo : © Asmaa Boujibar

Du Maroc aux États-Unis, le parcours d’Asmaa Boujibar raconte l’histoire d’une enfant passionnée de sciences devenue une géophysicienne de renommée mondiale. Première femme marocaine à intégrer l’agence spatiale américaine, elle incarne à la fois l’excellence scientifique et la détermination à briser les barrières.

 

Comment les planètes se forment-elles ? Quelles forces façonnent leur évolution interne ? Ces questions habitent Asmaa depuis son enfance. Déjà toute petite, elle regardait avec passion les documentaires d’Arte sur les volcans, l’astronomie ou encore l’archéologie des civilisations anciennes. Née à Casablanca en 1984, elle grandit dans un foyer où ses parents, architecte et directrice de casting, encourageaient la lecture de revues de vulgarisation scientifique comme Science et Avenir ou La Recherche.

 

« Ces récits m’ont très tôt donné le goût de comprendre le monde et l’univers », confie-t-elle. Après un master sur les magmas et les volcans à l’Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, elle soutient en 2014 un doctorat en pétrologie. Cette même année, elle est sélectionnée parmi une centaine de candidats pour un poste de chercheuse postdoctorale à la NASA, au Centre spatial Lyndon B. Johnson. Elle y travaille notamment sur la planète Mercure et devient ainsi la première femme marocaine à intégrer l’agence spatiale américaine.

 

« C’est un honneur immense et une grande responsabilité. Être la première signifie beaucoup symboliquement. Cela ouvre une voie et montre que les barrières, même invisibles, peuvent être franchies », explique cette quadra. Elle en tire à la fois un motif de fierté personnelle et une source de motivation supplémentaire pour inspirer d’autres, « en particulier des jeunes femmes du monde arabe et d’Afrique, à croire en leurs rêves de conquérir le monde scientifique ».

 

En 2015, elle publie dans Nature Communications un article majeur sur l’« érosion collisionnelle » (la perte des croûtes primitives des astéroïdes) qui propose une explication innovante aux différences de composition chimique entre la Terre et certaines météorites. Ce projet a ouvert une nouvelle voie pour comprendre les filiations entre météorites et planètes.

 

Son ascension, du Maroc aux États-Unis en passant par la France et le Japon, n’a toutefois pas été sans obstacles. Il lui a fallu surmonter les stéréotypes liés au genre et à l’origine mais aussi trouver sa place dans un milieu compétitif largement masculin.

 

« Ces expériences extrêmement enrichissantes m’ont appris la résilience et ont renforcé ma conviction que la diversité est une richesse pour la science », assure celle qui, depuis 2021, enseigne et poursuit ses recherches à la Western Washington University. Elle continue de travailler sur Mercure pour mieux comprendre la formation et l’évolution du système solaire interne.

 

En parallèle, elle s’investit dans des actions de sensibilisation. En 2017, elle participe à la campagne #DreamBigPrincess, qui met en avant des femmes inspirantes du monde entier et dont les fonds soutiennent le programme Girl Up de la Fondation des Nations unies.

 

À celles et ceux qui rêvent de suivre sa voie, Asmaa Boujibar offre un conseil clair : « Rêvez grand, travaillez dur et gardez confiance dans les moments difficiles. » Pour elle, la science est un langage universel : « Peu importe d’où l’on vient, chacun peut y apporter une contribution unique. »

 

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