Binationalité: 1 500 euros requis contre un député ex-RN

Daniel Grenon, député de l’Yonne. Photo : Assemblée nationale / www.assemblee-nationale.fr
Le député sortant de la première circonscription de l’Yonne, Daniel Grenon, était jugé au tribunal de Sens pour « provocation publique à la discrimination » et « injure publique » en raison de l’origine ou de la nationalité. En cause : ses déclarations polémiques tenues le 1er juillet 2024, entre les deux tours des élections législatives.
Lors d’un débat organisé par L’Yonne Républicaine, le candidat du Rassemblement national avait affirmé qu’un « Maghrébin binational n’a pas sa place dans les hauts-lieux ». Ces propos, tenus en pleine campagne électorale, ont déclenché une vive controverse.
Jordan Bardella, président du RN, avait alors dénoncé des « propos abjects » et qualifié Grenon de « brebis galeuse », annonçant son exclusion du parti à l’automne. Malgré cela, Daniel Grenon a été réélu député quelques jours plus tard, avec 51,38 % des suffrages.
Le procès s’est tenu en avril à Sens. La représentante du ministère public a requis une amende de 1 500 euros, estimant que ces propos ne relevaient d’aucune maladresse mais bien d’une stratégie fondée sur « la peur de l’autre ».
La Ligue des droits de l’Homme, le Mrap89 et la Licra se sont constitués parties civiles. Florence Loury, la candidate écologiste de la gauche unie battue au second tour, avait publiquement dénoncé un discours raciste.
Daniel Grenon, âgé de 71 ans, avait déjà suscité la polémique en 2022 après des déclarations ambigües sur l’immigration. Ce nouvel épisode relance le débat sur les limites de la liberté d’expression en période électorale. Le jugement a été mis en délibéré : la décision sera rendue le 2 mai.