Bruxelles réagit à la convocation de son ambassadeur par Kaïs Saïed

 Bruxelles réagit à la convocation de son ambassadeur par Kaïs Saïed

La passe d’armes diplomatique se poursuit. La Commission européenne a finalement réagi, mercredi 26 novembre 2025, à la décision du président Kaïs Saïed de convoquer l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perrone. Cette convocation intervenait après une série de rencontres entre le diplomate et des officiels tunisiens, dont le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Tabboubi, qui ont été jugées problématiques par Carthage.

Lors de son point de presse quotidien, le porte-parole de la Commission, Anouar El Anouni, a ainsi livré une mise au point détaillée. Il a d’abord indiqué que l’Union européenne « prend note des messages transmis par le président Kaïs Saïed lors de sa rencontre avec notre ambassadeur ». Rappelant les usages diplomatiques, il a souligné que « les diplomates, où qu’ils se trouvent dans le monde, dialoguent avec un large éventail d’interlocuteurs dans leur pays d’accueil » et que cela « fait partie de leurs fonctions ».

Selon El Anouni, cette mission englobe aussi « les contacts avec les organisations de la société civile qui peuvent grandement contribuer à renforcer la coopération bilatérale et à améliorer la qualité du dialogue ».

Le porte-parole a également rappelé que le prix Nobel de la paix 2015 avait été attribué au Quartet du dialogue national — dont l’UGTT était membre — « pour sa contribution décisive à l’instauration d’une démocratie pluraliste en Tunisie », selon le comité du Nobel.

Anouar El Anouni a toutefois confirmé que Bruxelles avait bien pris connaissance des reproches formulés par Kaïs Saïed, pour qui la rencontre entre Giuseppe Perrone et le leader syndical constituerait une entorse aux usages, un échange mené en dehors des « canaux officiels ».

 

Réaction outrée des milieux souverainistes

Jugée tendancieuse par les groupes souverainistes pro Kais Saïed sur les réseaux sociaux, cette intervention de Bruxelles n’est pas passée inaperçue et est qualifiée de « tentative d’enfoncer le clou en matière d’ingérence après l’incartade initiale.

La convocation de l’ambassadeur a eu lieu le 25 novembre au palais de Carthage. Dans son communiqué, la présidence évoquait une protestation ferme, estimant que le diplomate avait agi « en dehors des cadres officiels » qui régissent les relations entre l’État tunisien et les représentants étrangers. Elle a rappelé que l’ambassadeur européen est « ambassadeur plénipotentiaire auprès de l’État tunisien et de ses institutions officielles », et qu’il se doit, à ce titre, de respecter strictement les normes diplomatiques.

Cette réaction s’inscrit dans le contexte de la rencontre, la veille, entre Giuseppe Perrone et Noureddine Tabboubi, dont aucun détail n’a filtré mais qui semble être à l’origine de la mise au point adressée par Carthage.

Quelques jours auparavant, le 20 novembre, l’ambassadeur de l’UE s’était également entretenu avec Samir Majoul, président de la centrale patronale UTICA, pour discuter du renforcement du dialogue structuré entre l’organisation et les institutions européennes.