CDH : La répression des voix dissidentes à Tindouf dénoncée à Genève

 CDH : La répression des voix dissidentes à Tindouf dénoncée à Genève

Camp de Tindouf – (Photo de FAYEZ NURELDINE / AFP)

Des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme ont dénoncé, mercredi 10 septembre, devant la 60ᵉ session du Conseil des Droits de l’Homme (CDH) à Genève, la répression des voix dissidentes et l’instrumentalisation politique des populations séquestrées dans les camps de Tindouf (sud-ouest de l’Algérie), où est basé le groupe séparatiste du Polisario.

S’exprimant au titre du point 2 du débat général, Mustapha Maoulainine, de l’ONG CIRAC, a soulevé le cas d’Ahmed El Khalil, un défenseur sahraoui des droits de l’Homme disparu depuis 2009 après avoir été enlevé à Tindouf, qualifiant cette disparition d’acte visant à faire taire les voix dissidentes.

Dans le même sens, Mme Saadani Maalainine, ancienne victime de déportation forcée à Cuba dans son enfance, a dénoncé les actes d’intimidation, de torture, de surveillance ciblée et le blocus médiatique imposé par le Polisario pour empêcher toute dénonciation des abus dans les camps.

Pour sa part, Me Manuel Navarro Peñalosa, avocat de Khadjattou Mohamed, a témoigné des violences sexuelles subies par cette dernière, victime d’un viol brutal imputé au dirigeant des séparatistes, Brahim Ghali. Il a déploré l’absence totale de mécanismes de recours pour les victimes dans les camps, ainsi que la culture d’impunité qui y règne.

D’autres intervenants ont mis en lumière l’instrumentalisation des enfants sahraouis à des fins de propagande politique, à travers le programme dit “Vacances en paix”.

Saïd Achemir, de l’ONG ACI Human Rights, a dénoncé l’utilisation de ce programme comme un outil de chantage, citant le cas de la jeune Ennouha Mohamed Yahdih, empêchée de rejoindre sa mère gravement malade en France après avoir été arbitrairement écartée de la liste des bénéficiaires.

Fatima Ezzahrae Zouhairi, de l’ONG Promotion du Développement Économique et Social (PDES), s’est alarmée de la précarité chronique dans les camps de Tindouf, pointant la fragilité des infrastructures sanitaires et éducatives, la dépendance totale à l’aide humanitaire et l’absence de perspectives socio-économiques durables. Elle a rappelé que seuls 74 réfugiés ont eu accès à la dialyse en 2024, et que moins de la moitié des enfants atteignent les niveaux d’apprentissage requis selon l’UNICEF.

Les intervenants ont appelé notamment à une reconnaissance par le CDH de la vulnérabilité des défenseurs sahraouis dans les camps, à la mise en œuvre de mécanismes de protection spécifiques et à la tenue urgente d’un recensement indépendant dans les camps, tout en réclamant un accès libre des ONG et des agences onusiennes aux populations séquestrées.