Circulaire sur les naturalisations : Retailleau assume un nouveau durcissement
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, prononce un discours pour présenter les nouvelles directives en matière de naturalisation des ressortissants étrangers à la préfecture de Créteil, en banlieue parisienne, le 5 mai 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
Bruno Retailleau durcit le ton sur la naturalisation avec une nouvelle circulaire. Le candidat à la présidence des Républicains assume une fermeté très controversée.
Bruno Retailleau « est en campagne, il n’agit pas comme un homme d’État, comme un homme politique aux responsabilités éminentes », réagissait, hier (5 mai) sur France Info, Najat Vallaud-Belkacem, à la nouvelle circulaire publiée par Bruno Retailleau, durcissant les conditions de naturalisations.
Le ministre de l’Intérieur prend notamment pour prétexte qu’en 2024, les naturalisations ont augmenté de 8,3 % par rapport à 2023. Pour la présidente de France terre d’asile, il s’agit principalement d’un effet de rattrapage du retard accumulé :
« la direction générale des étrangers en France n’est pas suffisamment outillée pour procéder en temps et en heure aux naturalisations des gens qui correspondent déjà parfaitement aux critères ».
« Circulaire d’assimilation »
Autre personnalité de gauche ayant vivement critiqué cette circulaire, Jérôme Guedj (Parti socialiste) réagissait hier sur France 5 : « Je suis toujours très gêné par la surenchère dans la suspicion qui peut être adressée à ceux qui veulent légitimement devenir français. Ça jette un climat de différenciation ».
Dans la circulaire consacrée aux naturalisations des étrangers adressée à tous les préfets (5 mai), Bruno Retailleau rappelle que « la jurisprudence établit la naturalisation non comme un droit, mais comme une décision souveraine du gouvernement ».
Le ministre confirmait, hier, sa position sur X : « Cette circulaire entraîne une rupture et durcit les critères pour l’acquisition de la nationalité française. J’assume qu’il s’agit d’une circulaire d’assimilation ».
Renforcement du niveau de français
Avec cette nouvelle circulaire, les futurs candidats à la nationalité française devront avoir un niveau de maîtrise de la langue française rehaussé. Ce que critique Najat Vallaud-Belkacem, qui estime que les examens de français « sont d’un tel niveau que c’est déjà extrêmement difficile ».
Cette dernière donnait l’exemple d’un Albanais dont la demande de naturalisation a été refusée, notamment parce qu’il ne connaissait pas l’identité de la personne ayant ordonné la construction de l’Arc de Triomphe.
Par ailleurs, avec la nouvelle circulaire, les préfets devront s’assurer de l’adhésion des candidats aux valeurs de la République et de « l’exemplarité du parcours du demandeur », condition visant notamment un éventuel séjour irrégulier dans ce parcours.
