Le 8 février 1962 – Métro Charonne : Des manifestants pour la paix en Algérie étaient massacrés par la police

 Le 8 février 1962 – Métro Charonne : Des manifestants pour la paix en Algérie étaient massacrés par la police

Obsèques des huit personnes tuées durant la manifestation anti OAS dans la nuit du 8 au 9 février 1962 à Paris. Les corps d’abord exposés à l’annexe de la Bourse du Travail, boulevard du temple, ont été conduits, en un long cortège jusqu’au cimetière du Père Lachaise le 13 février 1962. STAFF / AFP

Il y a 59 ans, jour pour jour, le 8 février 1962, 20 000 personnes participent à Paris à une manifestation contre les attentats de l’OAS (Organisation de l’armée secrète), partisans extrémistes de l’Algérie française. A l’issue de ce défilé pacifique, les forces de l’ordre chargent les manifestants aux abords de la station de métro parisienne Charonne. Un déchaînement de violences policières qui fera neuf morts et plus de 250 blessés.

 

En ce début d’année 1962, l’OAS (Organisation de l’armée secrète) partisans extrémistes de l’Algérie française organise des séries d’attentats contre ceux qu’elle accuse de trahir la France. La demeure de l’écrivain Jean-Paul Sartre est notamment visée dans la nuit du 6 au 7 janvier.

Un mois plus tard, le 7 février, dix charges plastiques explosent au domicile de diverses personnalités, dont André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles. Ce dernier attentat défigure Delphine Renard, une jeune fillette de 4 ans qui vivait dans l’immeuble.

L’émotion est immense et les syndicats et partis de gauche appellent les citoyens à se rassembler place de la Bastille, à Paris, dès le lendemain soir, jeudi 8 février 1962.

En 1962, Paris est toujours soumise au régime d’état d’urgence et le ministre de l’Intérieur Roger Frey interdit la manifestation dans la crainte de débordements. Le préfet de police Maurice Papon, qui s’est déjà illustré dans la répression des Algériens le 17 octobre 1961, déploie d’importants effectifs de police sur la place de la Bastille pour en interdire l’accès.

Cela n’empêche pas 20 000 à 30 000 manifestants de descendre dans les rues de la capitale vers 18h30. Une heure plus tard, les manifestants commencent à se disperser. C’est alors que des policiers chargent le cortège près de la station de métro Charonne, boulevard Voltaire.

Une autre compagnie de CRS prend les manifestants en tenaille. Ceux-ci n’ont autre choix que de se diriger vers le métro. Les forces de l’ordre se défoulent alors sur les manifestants. Les coups de matraque pleuvent.

Certains policiers arrachent les grilles d’aération du métro et celles protégeant les arbres, et les balancent sur la foule en contre-bas. Elles pèsent entre 20 et 40 kg. On dénombre à la fin de la journée des centaines de blessés, mais aussi 8 morts.

Ces derniers ont été asphyxiés par les gaz lacrymogènes, mais ont aussi succombé suite à de nombreuses fractures du crâne. Un neuvième manifestant décède de ses blessures le 20 avril.

Quarante jours plus tard seront signés les accords d’Évian, mettant fin à la guerre d’Algérie mais non aux ressentiments nés de celle-ci, tant parmi les Algériens que parmi les Français.

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