La mobilisation pro-palestinienne s’étend dans les universités américaines et françaises

 La mobilisation pro-palestinienne s’étend dans les universités américaines et françaises

Une série de mobilisations dans les campus américains (ici à New-York) cherchent à accentuer la pression sur les universités pour qu’elles cessent leurs investissements qui soutiennent la machine de guerre israélienne.

Les crimes israéliens à Gaza suscitent des tensions grandissantes sur les campus universitaires, notamment aux États-Unis et en France. L’université Columbia, aux États-Unis, a été le théâtre d’une occupation par une mobilisation pro-palestinienne. Un mouvement qui s’étend à d’autres villes américaines. À Paris, la mobilisation se poursuit à Sciences Po Paris, où des étudiants ont passé la nuit dans le bâtiment historique de l’école et entrepris de bloquer sa principale entrée.

L’université américaine Columbia a prolongé le délai fixé pour vendredi à minuit pour que la mobilisation étudiante pro-palestinienne mette fin à son occupation du campus. Selon l’université, « les négociations ont progressé ». La présidente de l’université new-yorkaise, Minouche Shafik, a nié toute demande d’intervention de la police pour démanteler un village de tentes où environ 200 étudiants se sont rassemblés pour réclamer la fin des massacres à Gaza. Parallèlement, le mouvement pro-palestinien gagne du terrain aux États-Unis.

« Nous sommes qualifiés de terroristes, de violents. Mais notre seul outil est notre voix », a déclaré une étudiante engagée dans le mouvement. La semaine dernière, des dizaines d’arrestations ont eu lieu après que les responsables de l’université ont fait appel à la police pour mettre fin à une occupation accusée d' »attiser l’antisémitisme » sans pour autant réussir à mettre fin au mouvement. Pourtant, l’Université de Columbia compte une forte communauté d’étudiants juifs (5000 sur 36’000), dont beaucoup soutiennent le mouvement contre la guerre à Gaza.

Initialement concentré dans l’université new-yorkaise, où il visait spécifiquement les investissements de l’université dans des entreprises participant à l’effort de guerre israélien, le mouvement s’est répandu dans les campus américains. Les tensions avec les forces de l’ordre se sont également intensifiées.

 

Menaces des politiques

Des universités parmi les plus prestigieuses du monde sont touchées, notamment Harvard, Yale et Princeton. Les scènes se répètent à travers le pays : les étudiants montent des tentes sur leurs campus pour dénoncer le soutien militaire des États-Unis à Israël, responsable de la catastrophe humanitaire à Gaza.

Ils sont ensuite expulsés, souvent de manière musclée, par des policiers en tenue anti-émeute, à la demande des directions des universités. Plus de 200 manifestants ont ainsi été arrêtés mercredi et jeudi dans des universités de Los Angeles, de Boston et d’Austin, au Texas. La plupart ont été rapidement libérés.

Mercredi, le chef de file républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s’est rendu à l’Université Columbia, où il a menacé de demander à Joe Biden de mobiliser la Garde nationale dans les campus, qu’il considère comme infectés par un « virus de l’antisémitisme ».

 

Douloureux souvenir du Vietnam

Cette mise en garde résonne douloureusement aux États-Unis. Le 4 mai 1970, la Garde nationale avait ouvert le feu à l’université de Kent State sur des manifestants anti-guerre du Vietnam. Quatre étudiants avaient trouvé la mort. La Maison Blanche affirme pour sa part que Joe Biden « soutient la liberté d’expression, le débat et la non-discrimination » dans les universités.

Le mouvement a reçu le soutien du groupe Jewish Voices for Peace (JVP). Ce dernier dénonce un « climat de répression contre des étudiants pacifiques ». Il condamne également les attaques physiques contre des étudiants sur le campus, ainsi que le harcèlement et les discours haineux du personnel de l’université. Dans une déclaration, le groupe admet – et condamne – l’existence de commentaires violents et haineux à l’égard des étudiants juifs. « Cependant, en mettant fin aux manifestations et en suspendant les étudiants, les actions de l’Université de Columbia ne garantissent pas la sécurité des étudiants juifs – ni de n’importe quel étudiant – sur le campus », dénoncent-ils.

 

Occupation de Science-Po Paris

En France, après des affrontements devant Sciences Po Paris et l’interdiction de conférences de la militante de gauche Rima Hassan et de l’opposant Jean-Luc Mélenchon à l’Université de Lille, quelques dizaines d’étudiants mobilisés en faveur des Palestiniens ont de nouveau occupé un bâtiment de Sciences Po Paris jeudi soir. La veille, de jeunes activistes avaient déjà investi le site de la rue Saint-Guillaume avant d’être expulsés.

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De 50 à 70 étudiants étaient encore présents dans ce bâtiment vendredi matin, selon le comité Palestine Sciences Po. Le comité réclame notamment « la condamnation claire des agissements d’Israël par Sciences Po ». Ainsi que « la fin des collaborations » avec toutes « les institutions ou entités » complices « de l’oppression systémique du peuple palestinien ».

Rached Cherif