Famine à Gaza. On affame bien les rats

 Famine à Gaza. On affame bien les rats

Des enfants palestiniens déplacés se rassemblent pour recevoir de la nourriture dans une école publique à Rafah, le 19 février 2024. Selon l’UNICEF, un enfant sur six âgé de moins de deux ans à Gaza souffre de malnutrition aiguë, a estimé l’organisation le 19 février. (Photo de MOHAMMED ABED / AFP)

Pourquoi l’ONU, qui s’est contentée de se dire craindre une « famine généralisée presque inévitable » dans la bande de Gaza, utilise un politiquement correct aussi précautionneux alors que tout le monde sait aujourd’hui que les Palestiniens meurent de faim, que des bébés des enfants rendent l’âme tous les jours faute de nourriture ou d’eau, qu’il suffit de faire un petit tour d’horizon des réseaux sociaux ou de la presse arabophone de la région pour avoir des milliers d’exemple tous les uns plus dramatiques que les autres ?

 

Comme l’Onu définit « la famine comme un état de privation alimentaire extrême, caractérisé par des niveaux d’inanition, de décès, de dénuement et de malnutrition aiguë » l’organisation estime pourtant « que 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population de Gaza, sont menacées de famine, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide humanitaire ». Ce qui fait dire, malgré tout, à Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, qu’une offensive généralisée israélienne à Rafah « sonnerait le glas » de l’aide humanitaire.

Les graves pénuries en cours pourraient entraîner une « explosion » de la mortalité infantile à Gaza, où un enfant de moins de deux ans sur six est sévèrement mal nourri, a prévenu cette semaine l’Unicef. Le ministère de la Santé palestinien a beau annoncé que six enfants étaient morts de malnutrition dans la journée du mercredi dernier, ces chiffres sont ignorés par la presse mondiale et pour cause, ils proviennent du Hamas.

Cinq mois après le début de la guerre, les Gazaouis n’ont plus rien à se mettre sous la dent, Israël ne cache d’ailleurs pas sa volonté de rendre « Gaza invivable » et du coup, on comprend mieux pourquoi les valeureux soldats de Tsahal autorisent quelques minuscules convois d’aide humanitaire en les laissant entrer dans le territoire côtier après des fouilles systématiques humiliantes, pour mieux cibler les Palestiniens et leurs enfants qui se pressent pour gratter quelques bols de farine. S’ils se résolvent à manger des feuilles ou du fourrage pour l’élevage, encore faudrait-il qu’ils en trouvent encore, les ingénieurs de l’armée de l’Etat hébreu ont demandé à leurs blindés de labourer les terres pour qu’il n’y ait plus une herbe, même sauvage, à mâcher.

Sur le terrain, la réalité est dramatique, aucune aide n’arrive à dépasser les points de contrôle installés par l’armée Israélienne. Alors qu’Israël est largement fournie en produits agricoles par des convois interminables venant des pays arabes du Golfe, l’Égypte continue de bloquer une aide humanitaire qui n’arrive toujours pas. Résultat, la population, réduite à l’état animal « broutent » des plantes sauvages comme « la kholiza », (la mauve) qui poussent sur le bord des routes.

Ces Palestiniens, « animaux humains », selon les mots même du ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, ne méritent pas autre chose car après tout « on affame bien les rats ».

 

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Toucher, parfois même par jordanien interposé un Palestinien par téléphone relève du miracle mais les rares personnes qu’on a pu joindre décrivent une situation apocalyptique où même les feuilles d’arbre ne sont plus disponibles, où les boites pour chiens ou chats sont devenues un luxe. Les quelques rares bénévoles étrangers qui se débrouillent pour faire parvenir quelques miettes de nourriture sont complètement dépassés.

Sans trop savoir si c’est la mafia israélienne qui gère ce trafic ou des intermédiaires locaux véreux, cet ex-enseignant, parle d’un marché noir qui reste hallucinant en raison des prix pratiqués. On parle du prix d’un litre d’essence qui se négocie de 10 à 15 euros, un sac de farine de 5 kg est vendu sous le manteau à 60 euros, soit la moitié du salaire mensuel déboursé par un colon israélien à son domestique Palestinien en temps normal.

Il paraît que les causes principales des famines sont les catastrophes naturelles: sécheresse, inondations, cyclones, tremblements de terres, insectes nuisibles (criquets…) qui bloquent la disponibilité et l’accès aux aliments mais à Gaza, c’est Israël qui organise délibérément la pénurie alimentaire, ce qui fait dire à un vieillard palestinien « que Netanyahou se décide à nous envoyer une bombe atomique qui nous tuerait tous sur le champ au lieu de voir ses enfants et ses petits-enfants mourir de faim les uns après les autres » !

Abdellatif El Azizi