A Minorque, une échappée mauresque

 A Minorque, une échappée mauresque

L’hôtel de ville de Ciutadella a été aménagé dans un édifice qui faisait office de palais du gouverneur à l’époque où l’île était sous domination musulmane. Crédit photo : Office du tourisme espagnol

Minorque, cette terre millénaire vient d’obtenir l’inscription de ses vestiges préhistoriques talayotiques sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Outre ses plages, la deuxième plus petite île des Baléares, recèle des trésors architecturaux insoupçonnés fruits d’un passé sous des influences multiples.

 

C’est le privilège des territoires idéalement situés, en l’occurrence à mi-chemin entre deux continents, l’Europe et l’Afrique, que d’être convoités par une succession de conquérants qui imprimeront chacun leurs traces. A Minorque, une présence humaine est attestée dès la préhistoire avec des vestiges uniques et spécifiques à l’île qui viennent de faire l’objet d’une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Plus tard, les Arabes, les Ottomans, les Anglais figurent parmi ceux qui ont cherché à s’implanter à Minorque non sans y laisser leur empreinte.

Grotte de Xoroi. Crédit photo : Office du tourisme espagnol

L’île est restée sous domination arabe pendant quatre siècles, de 903 à sa reconquête en 1287 par le roi Alphonse III. Cette longue présence se manifeste encore à travers les toponymies (Binibeca, Benissim ou encore Benisaid) et de nombreuses légendes. La plus connue concerne un Maure nommé Xoroi qui serait tombé amoureux d’une jeune femme chrétienne. Les deux auraient eu beaucoup d’enfants et vécurent heureux et cachés dans une grotte qui porte le nom de Xoroi. Elle fait aujourd’hui partie des endroits les plus courus de l’île. Aménagée en bar, on peut y prendre un verre le jour et y danser la nuit.

Il y a aussi l’amour pour les chevaux, toujours vivace à Minorque où cet animal est célébré en grandes pompes chaque troisième dimanche de juillet. D’ailleurs la race minorquine célèbre pour sa magnifique robe noire que l’on voit danser lors de ces festivités est issue d’un croisement avec le pur-sang arabe.

 

Crédit photo : Office du tourisme espagnol

Quant aux vestiges archéologiques encore visibles aujourd’hui, il faut grimper au sommet de la montagne Santa Águeda, à proximité de Ferreries, à mi-chemin entre Mahon, la capitale actuelle de Minorque et Ciutadella, pour les voir.

Sur ce site stratégique, s’élevait un des complexes défensifs parmi les plus importants d’Al Andalus. Construit entre le Xe et le XIIIe siècle, ce château s’étendait sur une superficie de 6,5 hectares. Ceint d’une muraille mesurant 1 800 mètres, il comptait 37 tours dont subsiste une dizaine en bon état. Cet édifice permettait du fait de sa position en hauteur (264 m) de contrôler tout le territoire mais aussi de servir d’abri en cas d’attaques. Et c’est là que les Musulmans de Minorque trouvèrent refuge avant la reconquête de l’île.

Crédit photo : Office du tourisme espagnol

Appelée Medina al Jazira du temps des Maures qui en avait fait leur siège, Ciutadella n’est qu’à 18 km de ce qui reste de cette forteresse. Visible depuis le port, son incontournable hôtel de ville est un héritage musulman. Il faisait office de palais pour le gouverneur de l’époque. Idem pour la cathédrale de la ville construite sur les fondations d’une ancienne mosquée dont le minaret a été transformé en clocher.

Mais la plus étonnante trace de l’influence arabe est gastronomique et se nomme cuscusso. Il s’agit d’un dessert à base de fruits secs et de cannelle qui se savoure à Noël. Quoi de mieux qu’une douceur pour symboliser le syncrétisme des cultures qui ont traversé Minorque ?

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Fadwa Miadi