Annulation de la conférence de Jean-Luc Mélenchon sur la Palestine à Lille

 Annulation de la conférence de Jean-Luc Mélenchon sur la Palestine à Lille

Le fondateur du parti La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon (C) prononce un discours lors d’une manifestation pour un cessez-le-feu à Gaza et en solidarité avec le peuple palestinien devant le siège des Nations unies à Genève, le 3 février 2024. (Photo de Fabrice COFFRINI / AFP)

La polémique autour de la conférence de Jean-Luc Mélenchon sur la Palestine à Lille a pris un tournant décisif avec l’annonce de l’annulation totale de l’événement par la préfecture. Initialement prévue dans une salle privée après l’interdiction de l’université de Lille, la conférence n’aura finalement pas lieu.

La décision de la préfecture du Nord intervient dans un contexte de vives tensions et de pressions politiques croissantes. Elle fait suite à une montée des critiques et des appels à l’interdiction de la part de plusieurs personnalités politiques, notamment des élus de la majorité présidentielle et de l’opposition.

La conférence, qui devait initialement se tenir à l’université de Lille, avait déjà été interdite une première fois, l’université craignant que la montée des tensions internationales ne permette pas de garantir « la sérénité des débats », après la récente attaque de l’Iran contre Israël.

Malgré l’interdiction de l’université, la conférence devait se tenir dans une salle privée de la ville de Lille. Cette salle, habituée à accueillir des événements tels que des mariages et des soirées étudiantes, aurait pu recevoir plusieurs centaines de personnes, selon les estimations de LFI.

 

« Atteinte à la liberté d’expression »

Selon un communiqué de la préfecture, « des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations » pourraient entraîner « des rassemblements, des attroupements et des heurts sur la voie publique, dans un climat de tensions géopolitiques accrues ».

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Jean-Luc Mélenchon a vivement critiqué cette décision, la qualifiant d' »inacceptable » et d' »atteinte à la liberté d’expression ». Il a également dénoncé les « lâches » qui, selon lui, ne sont pas capables de défendre la liberté. Pour lui, il s’agit d’une tentative de censure des idées, surtout dans le contexte des élections européennes.

Sur France Info, la tête de liste LFI pour les européennes, Manon Aubry, a y voit une « atteinte grave à la liberté d’expression » intervenant en pleine campagne électorale. « Cet acharnement contre La France insoumise est totalement intolérable. En pleine campagne électorale, la décision d’annuler un évènement public auquel doivent participer des membres de l’opposition politique est un précédent extrêmement grave pour notre démocratie », a réagi LFI dans un communiqué.

 

Appel à manifester 

La controverse a suscité des réactions diverses de la part de personnalités politiques. Certains élus, comme la députée macroniste Violette Spillebout et le parlementaire RN Sébastien Chenu, ont soutenu l’interdiction de la conférence. Cependant, d’autres, y compris des responsables de gauche, ont critiqué la décision, dénonçant une atteinte à la démocratie et à la liberté d’expression.

LFI a annoncé en réaction avoir déposé une demande en préfecture pour « un rassemblement public avec une prise de parole de Jean-Luc Mélenchon contre la censure et pour la paix » jeudi à 18H30 dans le sud de la ville.

 

Logo polémique

La controverse a également porté sur le logo de l’association étudiante organisatrice de la conférence, « Libre Palestine », qui a été critiqué pour nier l’existence d’Israël. Cependant, l’association a affirmé que son logo ne niait en aucun cas l’existence d’Israël et a défendu son droit à organiser la conférence.

Enfin, Rima Hassan, militante présente à la conférence, a réaffirmé son soutien à la solution à deux États malgré ses déclarations passées en faveur d’un « État binational ». Elle a également critiqué l’interdiction de la conférence comme étant une atteinte à la liberté d’expression.

Jean-Luc Mélenchon a récemment multiplié les conférences dans les universités françaises, bien que certaines aient été annulées pour des raisons de sécurité.

Rached Cherif