Vaccins Covid-19 : les bénéfices de Pfizer, les difficultés de l’Afrique

 Vaccins Covid-19 : les bénéfices de Pfizer, les difficultés de l’Afrique

Le PDG de Pfizer Albert Bourla (centre) à la Bourse de New York (NYSE). Drew Angerer/Getty Images/AFP/17 janvier 2019.

Alors que le laboratoire Pfizer annonce des bénéfices records pour 2021, Amnesty International exhorte les entreprises pharmaceutiques et les Etats à partager les vaccins.

 

Bénéfices records

Pour l’année 2021, Pfizer prévoit d’écouler 2,3 milliards de doses, ce qui rapporterait 36 milliards de dollars, selon un communiqué des résultats trimestriels du laboratoire. Un chiffre astronomique. Un peu plus élevé que ce que laissaient présager les prévisions de fin juillet dernier.

Face à cette annonce, Patrick Wilcken, responsable du programme Entreprises, sécurité et droits humains à Amnesty International, renvoie le laboratoire à ses « choix de ventes » : « Que Pfizer puisse générer des milliards d’euros de chiffre d’affaires au cours des trois derniers mois seulement, tout en s’abstenant de fournir des vaccins à des milliards de personnes, est un échec d’une ampleur catastrophique ».

Redistribution

« Nous sommes en bonne voie pour parvenir à notre objectif de livrer au moins 2 milliards de doses à des pays à revenus faibles et intermédiaires d’ici à fin 2022 » selon Albert Bourla, le PDG de Pfizer. Le patron du groupe fait valoir le fait que la moitié de ces doses serait acquise à prix coûtant par le gouvernement américain afin de les redistribuer dans les pays les plus pauvres.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vise la vaccination de 40% des habitants des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur d’ici fin 2021. Amnesty International soutient cet objectif et exhorte les Etats à « redistribuer les centaines de millions de doses en surplus » et les laboratoires à « veiller à ce qu’au moins la moitié des doses qu’ils produisent aillent dans ces pays », d’ici la fin de l’année.

Espoir ?

Fin octobre, la part de la population du continent africain étant complètement vaccinée atteignait péniblement les 4%. Le Maroc, avec 59,7% de la population présentant un schéma vaccinal complet, la Tunisie, avec 38,2 %, et l’Algérie, avec 11%, affichent des résultats disparates mais malgré tout au-dessus de la moyenne continentale.

L’espoir de pouvoir lever provisoirement les droits de la propriété intellectuelle, afin d’étendre la capacité de production de vaccins anti-Covid dans le monde, n’est pas totalement éteint.

Selon Amnesty International, fin novembre, dans le cadre d’une réunion à Genève, des membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) discuteront de la dérogation à l’Accord sur les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce).

 

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Charly Célinain