L’Algérie exige de la France la totalité de ses archives

 L’Algérie exige de la France la totalité de ses archives

Des Algériens arrêtés lors de la manifestation pacifique, organisée à Paris le 17 octobre 1961 pendant la guerre d’Algérie par la Fédération de France du FLN pour protester contre le couvre-feu imposé aux Français musulmans par le préfet de police Maurice Papon, sont emmenés par la police à bord de cars et d’autobus en direction des centres de tri, à Vincennes, au Palais des Sports ou au stade de Coubertin. Photo : UPI / AFP

Abdelmadjid Chikhi, directeur des Archives algériennes, invite Paris et Alger à « regarder en face » leur histoire alors que la remise au président Macron du rapport de Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle est attendue en janvier. L’accès aux archives de la colonisation, déménagées en France après l’indépendance de l’Algérie en 1962, est une des principales revendications des anciens combattants algériens.

 

Abdelmadjid Chikhi a été chargé en juillet par le président algérien Abdelmadjid Tebboune de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, de concert avec l’historien français Benjamin Stora. C’est dans ce cadre qu’il « réclame la totalité de ses archives, dont une grande partie se trouve en France, qui a toujours avancé de faux prétextes, comme la déclassification de nombre d’archives pourtant réunies depuis plusieurs décennies », comme il l’a expliqué ce lundi 28 décembre, cité par l’agence officielle algérienne APS.

Dans un entretien au Monde publié ce lundi 28 décembre M. Chikhi a rappelé que « les deux pays, par l’intermédiaire de leur président, ont décidé de mettre ce problème de la mémoire sur la table ». « C’est une très bonne initiative. On ne peut pas faire durer des situations qui empêchent les deux pays, les deux peuples, de se regarder en face. Il faut essayer de dépasser cette situation, quelle que soit la douleur ressentie de part et d’autre. Encore faut-il savoir ce qu’on entend par “mémoire” et “gestion de la mémoire” », a continué le directeur des Archives algériennes. Avant de conclure : « De notre côté, notre position est peut-être politique, un peu psychologique, mais rien dans notre comportement ne nous autorise à effacer l’histoire. Et nous ne le pouvons pas. L’histoire est là. Elle nous interpelle et nous interroge. Or il y a des façons de gérer ce patrimoine, si on peut utiliser le terme, afin que les deux pays débutent une nouvelle vision des choses, c’est-à-dire se projettent dans l’avenir sans oublier l’histoire et en essayant de la faire vivre ».

Nadir Dendoune