Procès de la Yemenia : Bahia Bakari, la seule rescapée, raconte

 Procès de la Yemenia : Bahia Bakari, la seule rescapée, raconte

Bahia Bakari au Palais de justice de Paris, à l’occasion du procès d’ouverture du crash du vol Yemenia Airways en 2009 au large des Comores, qui a fait 152 morts. Elle avait 12 ans à l’époque et a survécu en s’accrochant à une épave de l’avion pendant 11 heures avant d’être secourue. Ce lundi 23 mai 2022, Bahia Bakari a témoigné. THOMAS SAMSON / AFP

Hier, à la barre, Bahia Bakari a témoigné. Pendant quatre semaines, la justice examine des soupçons de « manquements et négligences » de la Yemenia Airways.

 

Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, le vol Yemenia 626 s’est abîmé au large des Comores, juste avant son atterrissage à Moroni, avec à son bord 11 membres d’équipage et 142 passagers, dont 66 Français. Tous ont péri, une seule personne a survécu, une enfant de 12 ans.

Bahia Bakari a aujourd’hui 25 ans. Elle raconte « un trou noir » puis des heures dans l’eau, « agrippée à un débris d’avion ». A la barre, hier, elle se souvient « des mouches à bord » et d’une « forte odeur de toilette ». Mais, dit-elle, « cela s’est passé très normalement », jusqu’à l’atterrissage.

Une dizaine d’heures dans l’eau

A l’approche de Moroni, « les voyants pour attacher la ceinture se sont allumés ». « Je sens l’avion qui commence à descendre et je commence à sentir des turbulences, mais personne ne réagit plus que ça, donc je me dis que ça doit être normal », raconte-t-elle.

Puis, « je sens comme une décharge électrique dans tout mon corps ». « J’ai un trou noir entre le moment où j’étais assise dans l’avion et le moment où je me retrouve dans l’eau » (…), « Je prends conscience de voix qui appellent à l’aide en comorien, je crie mais un peu sans espoir, parce que je réalise bien qu’il n’y a que la mer autour de moi et que je ne vois personne », raconte Bahia Bakari.

Elle sera finalement secourue par un bateau après une dizaine d’heures dans l’eau. Elle s’est alors convaincue que « tout le monde est arrivé » et qu’elle est « la seule à être tombée » de l’avion. C’est une psychologue, à l’hôpital, qui lui annonce qu’elle est la seule qu’on a retrouvée.

Contester les faits

Cet airbus vieux de 19 ans était interdit de vol en Europe. La compagnie, qui conteste les faits, encourt 225 000 euros d’amende pour homicides et blessures involontaires. Les avocats de la défense plaident l’innocence de la compagnie lors de ce procès, qui se déroule sans ses représentants.

 

Chloé Juhel