Conditions de détention à Nanterre : l’administration demande aux détenus de « faire preuve de bon sens »

Vue de la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine à Nanterre (Photo : BERTRAND GUAY / AFP)
Interpellée sur les conditions de détention d’une jeune détenu, la maison d’arrêt de Nanterre a formulé une réponse étonnante, se retranchant derrière une surpopulation endémique.
« Il revient aux personnes détenues elles-mêmes de faire preuve de bon sens au sein de la cellule et ne pas laisser toujours le même dormir au sol », préconisait le directeur de la maison d’arrêt de Nanterre suite à une sollicitation (6 mai) de l’avocate d’un jeune détenu.
Ce dernier, dont c’est la première incarcération, occupe une cellule de 9m² avec deux autres détenus. Dernier arrivé dans cette cellule, il est désigné pour dormir sur un simple matelas au sol. « Je m’allongeais, je ne pouvais plus respirer tellement il y avait de poussière », confiait-il à son avocate.
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Statu quo
Alertée par son client, sur les conditions de vétusté et d’insalubrité de la maison d’arrêt de Nanterre, l’avocate a donc pris attache début mai avec la direction de l’établissement. Dans sa réponse, la direction s’est retranchée derrière une surpopulation historique, avec 1 160 personnes détenues pour 592 places, le tout complété par 130 matelas au sol.
« Votre mail, comme ceux de vos confrères, ne changeront malheureusement rien à la situation », regrettait la maison d’arrêt, qui semble avouer une certaine impuissance face à cette situation.
L’Observatoire international des prisons (OIP) rappelle que l’Etat a déjà été condamné à deux reprises pour « l’indignité des conditions de détention à la maison d’arrêt de Nanterre ».
Le 30 juin 2023, dans son ordonnance, le juge indiquait que la surpopulation, et donc la promiscuité, étaient « susceptibles d’exposer les personnes qui y sont soumises à un traitement inhumain ou dégradant ».
Choix politique
En France, au 1er mai, la surpopulation carcérale atteignait un nouveau record, avec un taux d’occupation de 163% en maison d’arrêt et 5 234 matelas au sol. Dans un communiqué (4 juin), l’OIP réaffirmait : « la surpopulation carcérale n’est pas une fatalité, mais un choix politique ».
L’observatoire repartageait également des mesures préconisées pour lutter contre la surpopulation comme la dépénalisation de certaines infractions, le développement des peines alternatives à l’incarcération ou encore la limitation de la détention provisoire.