Course contre la montre pour empêcher l’exécution du tunisien Fakhri Landolsi au Qatar

Fakhri Landolsi
Alors que le risque d’exécution se rapproche, le monde associatif et la famille du détenu redoublent d’appels pour sauver Fakhri Landolsi, Tunisien condamné à mort au Qatar. L’affaire, ouverte en 2017, revient brusquement au premier plan et ravive les tensions diplomatiques entre Tunis et Doha.
Il s’agit d’un dossier ancien qui ressurgit avec urgence. Le nom de Fakhri Landolsi, originaire de la ville de Kairouan, refait surface dans le débat public tunisien. Condamné à mort au Qatar après la mort d’un soldat somalien en 2017, il est accusé d’homicide et d’appartenance à un groupe extrémiste, des accusations que la famille conteste depuis le déclenchement de l’affaire.
Arrêté après quelques mois passés au Qatar pour chercher du travail, il est jugé en 2018 et condamné à la peine capitale. Le verdict est confirmé en appel en 2019. Dès lors, sa famille et plusieurs ONG dénoncent des irrégularités de procédure et l’absence de conditions d’un procès équitable.
Plusieurs sursis obtenus grâce à la pression diplomatique
En 2021, l’affaire prend une ampleur nationale : le président Kaïs Saïed intervient personnellement auprès de l’Émir du Qatar, obtenant un sursis d’exécution et la promesse d’examiner des alternatives.
Ce répit ouvre la voie à des négociations autour d’une « diya » (compensation financière), mécanisme juridique reconnu dans certains cas d’homicide au Qatar. L’éventualité d’une commutation de peine semble alors envisageable.
Mais, faute d’accord définitif, le dossier reste suspendu — et la menace de reprise de la procédure d’exécution ne disparaît jamais totalement.
Nouvelle mobilisation en Tunisie : l’inquiétude grandit
Mais plus récemment, l’Observatoire tunisien des droits de l’homme relance l’alerte : selon lui, l’exécution de Landolsi pourrait intervenir prochainement, et le détenu aurait été informé de préparatifs d’exécution. L’organisation appelle le président tunisien à intervenir de nouveau “avec urgence”, dénonçant la sévérité du jugement et les conditions de détention du prisonnier.
La mère de Fakhri multiplie également les appels publics, martelant que son fils est innocent et que le jugement est entaché de zones d’ombre. Elle décrit des visites limitées, des communications restreintes et un climat d’extrême tension.
Le dossier reste un enjeu diplomatique sensible. Pour Tunis, l’affaire est délicate : le pays n’exécute plus de condamnés depuis plus de trois décennies et le moratoire du début des années 90. Or, le Qatar est un partenaire économique et politique stratégique. L’actuel gouvernement est donc poussé à agir, sans rompre l’équilibre fragile des relations bilatérales au moment où la protection des ressortissants à l’étranger devient un sujet de plus en plus scruté par l’opinion publique.
