Des « abus graves » commis contre des migrants africains en Tunisie selon HRW

 Des « abus graves » commis contre des migrants africains en Tunisie selon HRW

Des dizaines de migrants ont été déportés vers les zones désertiques aux frontières de la Tunisie avec la Libye et l’Algérie.

Les forces de sécurité tunisiennes ont été accusées par l’ONG Human Rights Watch de commettre de « graves abus » à l’encontre des migrants noirs africains. Dans un rapport alarmant, l’organisation appelle l’Union européenne à suspendre son soutien financier à la Tunisie dans la lutte contre l’immigration irrégulière, alors que les deux parties viennent de conclure un « partenariat stratégique complet » largement critiqué.

Selon le rapport, Human Rights Watch a recueilli plus de 20 témoignages de « victimes de violations des droits humains aux mains des autorités tunisiennes ». Les allégations du rapport soulèvent de vives préoccupations quant au respect des droits humains et à la protection des migrants dans le pays.

Les abus comprennent des passages à tabac, des arrestations et détentions arbitraires, des expulsions collectives, des actions dangereuses en mer, des évictions forcées, le vol d’argent et d’effets personnels. Ces pratiques inhumaines et dégradantes ont été décrites comme étant monnaie courante dans les interactions entre les forces de sécurité tunisiennes et les migrants africains noirs.

Un migrant blessé ayant fui les violences à Sfax pour la zone militarisée à la frontière libyenne témoigne : « J’ai été victime de violences et de mauvais traitements. J’ai été frappé et dépouillé de mes effets personnels sans raison valable ». Ces récits poignants mettent en évidence la vulnérabilité des migrants et la nécessité d’une protection accrue de leurs droits fondamentaux.

 

Traitements inhumains

L’ONG déplore également le traitement inhumain réservé aux migrants en matière d’accès à l’eau, à la nourriture et à un abri décent. De nombreux migrants ont été abandonnés en plein désert, sans ressources ni assistance. Ces conditions extrêmes exposent les migrants à des risques accrus pour leur santé et leur sécurité.

Human Rights Watch souligne que la plupart des abus documentés ont eu lieu après un discours du président Kaïs Saïed, dans lequel il a dénoncé l’immigration clandestine et a stigmatisé les migrants comme étant responsable de problèmes socio-économiques. Cette rhétorique anti-immigration a contribué à un climat d’intolérance. Elle a également contribué à une augmentation des violences à l’encontre des migrants en Tunisie.

 

La migration : l’obsession de l’Union européenne

Face à ces graves violations des droits humains, Human Rights Watch appelle l’Union européenne à reconsidérer son soutien financier à la Tunisie dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Selon l’organisation, « en finançant les forces de sécurité qui commettent des abus, l’Union européenne partage la responsabilité des souffrances infligées aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile ».

Ce rapport survient alors que l’Union européenne et la Tunisie ont conclu le 16 juillet « partenariat stratégique complet » comprenant notamment un important volet de lutte contre la migration irrégulière en Méditerranée.

Rached Cherif