Vague de chaleur en Tunisie, le pire reste à venir

 Vague de chaleur en Tunisie, le pire reste à venir

Si tout l’hémisphère Nord continue de suffoquer, c’est la Tunisie qui détient en ce mois de juillet 2023 la palme de la canicule la plus intense, avec des températures record avoisinant les 50 degrés Celsius attendues pour le début de semaine prochaine. De nouveaux pics de consommations électrique sont à craindre.

Des températures de 50 degrés Celsius sont attendues à Kairouan les 26 et 30 juillet, tandis qu’à Tunis elles atteindront 49 degrés selon les dernières prévisions

Le bassin méditerranéen n’est pas en reste. Ainsi dans le sud de la France, des records de chaleur ont été battus. Les températures restent au-dessus des 40 °C en Italie et en Espagne. Le Maghreb n’est pas épargné avec des températures tutoyant les 50 °C en Tunisie.

Pulvérisant les moyennes de saison, ces températures viennent égaler voire dépasser celles déjà historiques d’il y a deux ans, lorsque le mois de juillet 2021 avait été le 3ème mois de juillet le plus chaud depuis 1950 en Tunisie, avec un déficit pluviométrique d’environ 70% et des températures enregistrées de 48 °C, avait indiqué l’Institut national de la météorologie (INM) dans son Bulletin climatologique mensuel.

Avec ces températures diurnes, la rétention de chaleur en temps nocturne demeure élevée : L’INM a en effet annoncé le 18 juillet 2023 dans un bulletin météo que la vague de chaleur se poursuivrait pour encore une dizaine de jours au minimum, et que les températures atteignent 38°C par endroits la nuit. Du jamais vu de mémoire de météorologue affirme Mehrez Ghannouchi qui relaye les chiffres de plusieurs stations météo faisant état de températures minimales comprises la nuit entre 28 et 33°C au nord et dans les régions de l’est, et entre 33 et 38°C dans l’ouest du pays.

Des indices UV de 9 à 10 considérés comme « très élevés » sont enregistrés dans la capitale, tandis qu’ils atteignent 10 à 11 dans le sud du pays sachant qu’un index UV supérieur à 11 est un index UV dit « extrême ». Des indices où « si la peau n’est pas protégée, elle sera endommagée et peut rapidement brûlée », rappellent les spécialistes.

Dès la deuxième semaine de juillet 2023, la Tunisie a connu son premier pic de consommation électrique de l’été (4692 mégawatts le 10 juillet à 15h00), en raison du recours simultanée à l’air conditionné. C’est ce qu’a indiqué le directeur de la coopération et de la communication à la Société Tunisienne d’Electricité et du Gaz (STEG), Mounir Ghabri qui rappelle que les températures actuelles dépassant les moyennes saisonnières de plus de dix degrés.

 

Des infrastructures et un Etat défaillants ?

« Les autorités devraient prendre exemple sur certains pays où lorsque les prévisions de canicule sont aussi exceptionnelles, il est recommandé de minimiser les déplacements et de réduire l’activité des services publics non essentiels », commente l’édito du journal tunisien la Presse.

Instaurée en 2004 par le gouvernement Raffarin après la canicule de 2003, la journée du lundi de Pentecôte est par exemple devenue une journée de solidarité destinée à financer la prise en charge des personnes âgées ou handicapées. Cette décision faisait suite à une prise de conscience collective quant à la précarité des conditions de vie des personnes âgées après la vague de décès sans précédent de 15 000 personnes âgées fragilisées lors de l’été 2003.

La nuit du 19 au 20 juillet 2023 a été particulièrement longue en Tunisie pour les habitants de plusieurs quartiers de l’Ariana, où des pics d’électricité ont causé une panne généralisée qui a duré environ dix heures consécutives, de 22h00 à 6h00 du matin, lorsque des employés de la Société Tunisienne de l’Electricité et du Gaz (STEG) sont parvenus à réparer la panne au petit matin. Même scénario dans la banlieue nord de Tunis où un concert a été interrompu trois fois par des coupures d’électricité et où la région de la Soukra fut privée de courant électrique durant de longues heures.

« La faute à des infrastructures souvent vétustes », témoigne un riverain de cette zone résidentielle qui rapporte que des agents de la STEG s’emploient à remplacer certains transformateurs et disjoncteurs anciens à mesure que les pannes surviennent et non en amont, sans faire de prévention, faute de moyens.

 

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Seif Soudani