Tribune – L’Ouzbékistan, une terre d’ouverture en pleine démocratisation

 Tribune – L’Ouzbékistan, une terre d’ouverture en pleine démocratisation

L’Ouzbékistan, une terre d’ouverture en pleine démocratisation CALLE MONTES / Photononstop / Photononstop via AFP

Pas plus l’Asie centrale que le Moyen-Orient ne devraient être condamnés à la violence et à la guerre. Pour cela, il faut mettre en place de solides stratégies nationales, ériger des Etats structurés et structurants sur la durée, développer une société civile viable et entamer de profondes réformes vers la démocratisation.

 

En cinq ans seulement, un pays d’Asie centrale est en passe de gagner son pari, à tel point que l’économie, l’investissement étranger et le tourisme s’y sont développés à vitesse grand v : c’est l’Ouzbékistan. Malgré la déstabilisation à sa frontière avec l’Afghanistan, le pays a poursuivi son développement avec calme et détermination.

En réalité, après 25 ans d’un régime autoritaire, le pays s’est tourné vers la modernité en 2016 avec l’élection de Shavkat Mirziyoyev. La trajectoire soudaine du programme de réformes entrepris par l’Ouzbékistan, axée sur un développement politique et socio-économique rapide, a surpris une grande partie de la communauté mondiale il y a cinq ans. Le président élu a rapidement lancé des politiques fondées à la fois sur le pragmatisme et la transparence. Un changement qui a été immédiatement bien accueilli par les gouvernements étrangers et perçu comme une rupture majeure avec l’histoire passée. Ce qui était le but.

La première étape importante du président Shavkat Mirziyoyev fut d’abandonner le système de gouvernance en place depuis 25 ans et de mettre en place un plan de modernisation sur cinq ans, connu sous le nom de « Stratégie de Développement ». La priorité fut donnée au développement d’un dialogue efficace avec les institutions de la société civile et la promotion des droits de l’Homme dans la société ouzbèke. Même si les choses prennent du temps, Human Rights Watch saluait déjà l’avancée significative en 2020 du pays dans ce domaine : « Depuis l’arrivée de la nouvelle présidence en 2016, le gouvernement a franchi plusieurs étapes concrètes pour améliorer l’état des droits humains dans le pays ». Amnesty International allait dans le même sens : « Le programme de réformes du président de la République comportait notamment la création d’un Conseil national sur les classements internationaux, chargé de procéder à un examen systématique des réformes, et la mise en place d’une stratégie nationale relative aux droits humains prévoyant des mécanismes de suivi, y compris en matière de prévention de la torture. »

Et pour ce faire, le Président s’est régulièrement rendu dans les endroits les plus reculés du pays, afin d’entamer un dialogue et de rencontrer les habitants, dans le principal but de se rendre compte des difficultés locales que rencontrent les Ouzbeks. À partir de ces premières interactions, il a créé une institution entièrement nouvelle, peut-être dans l’histoire de la région : « les réceptions virtuelles et populaires du Président » – afin de communiquer directement avec eux, identifier et traiter les problèmes et besoins critiques de la population. Ces structures sont aujourd’hui devenues un indicateur précieux pour évaluer l’efficacité de l’administration des services publics. Un bon exemple du succès de ce programme est qu’en 2017, les réceptions virtuelles et publiques ont reçu plus de 1,4 million de demandes de personnes physiques et morales pour répondre à diverses préoccupations. En outre, les réceptions du peuple sont désormais autorisées à auditer les activités des agences gouvernementales, à fournir des recommandations et à proposer des mesures disciplinaires, y compris le licenciement des fonctionnaires qui enfreignent la loi. Les fonctionnaires à tous les niveaux adoptent désormais la même approche locale de la gouvernance : travailler avec leurs électeurs afin qu’ils puissent identifier les premières lacunes de leur organisation.

A l’image de ce qui s’est fait en France sous le président Macron, des réformes politiques ont ensuite été élaborées, sur la base des revendications et doléances des Ouzbeks, au sein du programme d’État pour faire face à ces problèmes. Au cours des quatre dernières années, les médias sociaux ont été un outil essentiel d’expression des revendications populaires en Ouzbékistan. Les problèmes rencontrés par la société, notamment concernant la corruption ou les malversations de fonctionnaires, ont été largement décrits sur des dizaines de réseaux.

Le pouvoir a été également déconcentré étape par étape dans le pays. Au cours des dernières années, nous avons pu assister à la montée de contrôles et de contrepoids plus importants entre l’ « Oliy Majlis » (le Parlement) et la branche exécutive du gouvernement. Désormais, le « Oliy Majlis » exerce une voix plus forte en matière de politique étrangère et intérieure. Ainsi, les fonctionnaires responsables du plan de développement sont tenus de présenter des rapports intermédiaires sur leur action aux chambres de l’« Oliy Majlis » et aux comités concernés. Au niveau régional, les chefs des agences gouvernementales régionales, des districts et des municipalités doivent désormais recevoir l’approbation des conseils des députés, les représentants élus du peuple.

La construction de ce nouvel Ouzbékistan, est aussi passée par une approche entièrement nouvelle de la tolérance inter religieuse et interconfessionnelle. À l’heure actuelle, il existe un total de 2 281 organisations religieuses et 16 confessions religieuses en Ouzbékistan. Il y a 2 097 organisations musulmanes, 167 organisations chrétiennes, 8 communautés juives, six sociétés baha’ies, 1 communauté Krishna, un temple bouddhiste et la Société biblique interconfessionnelle d’Ouzbékistan. Le développement inédit de la liberté de religion a été couronnée par l’adoption d’une résolution spéciale désormais connue sous le nom de « Lumières et tolérance religieuse », promulguée par le président Shavkat Mirziyoyev, en septembre 2017, lors de la 72e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Tous les États membres de l’ONU ont soutenu à l’unanimité le projet de document de la République d’Ouzbékistan, élargissant à l’éducation en général, lors de la session plénière de l’Assemblée générale des Nations Unies le 12 décembre 2018. Le document appelait également à une société fondée sur la tolérance et le respect mutuel, la liberté religieuse et la protection des droits des membres de toutes les confessions spirituelles et religieuses.

Dans un contexte tendu en Asie centrale, l’Ouzbékistan a conceptualisé des méthodes de lutte contre l’extrémisme religieux et le terrorisme dans le pays. L’État s’oriente désormais vers un engagement actif avec les communautés à risque tout en sensibilisant lescitoyens aux dangers des opinions extrémistes. La première étape de la déradicalisation des individus pris dans la toile des mouvements religieux extrémistes fut de leur accorder l’amnistie et leur apporter un suivi personnalisé de désengagement idéologique. Un certain nombre d’entre eux étaient étrangers : ceux-là furent renvoyés dans leur pays d’origine, la Syrie et l’Afghanistan. Quant aux personnes emprisonnées, graciées et libérées depuis 2016 pour des motifs politiques et religieux, elles reçoivent désormais l’aide de l’État afin de se réintégrer au mieux.

A l’initiative du Président de l’Ouzbékistan, quatre actions humanitaires « Mehr » ont été menées avec succès en 2019-2021, dans le cadre desquelles plus de 400 citoyens du pays, principalement les femmes et les enfants ont été renvoyés dans leur propre patrie depuis les zones de guerre-conflits au Moyen-Orient et en Afghanistan. Afin d’aider davantage à leur réinsertion et à leur réadaptation précoces au niveau de l’État, un ensemble de mesures a été mis en œuvre pour fournir une assistance médicale, psychologique, matérielle et morale en temps opportun. Tous les rapatriés ont bénéficié des conditions nécessaires à leur adaptation, à une vie paisible et à leur intégration dans la société grâce aux accès à des programmes éducatifs et sociaux, notamment par la fourniture de logements et d’emplois.

Pour plus de cohésion sociale, le soutien au développement de la société civile a également été une priorité du gouvernement depuis cinq ans. Certes, bien qu’il existe actuellement environ 10 000 organisations non gouvernementales et à but non lucratif en Ouzbékistan. Un des objectifs des réformes fut de faciliter les contacts des ONG locales avec les organisations internationales pour les aider dans leur développement. Ainsi l’année dernière, dans le contexte de la pandémie, le travail mené par de nombreuses ONG dans la lutte contre le coronavirus à travers des campagnes de charité et d’aide publique a eu un impact direct sur la santé publique des Ouzbeks.

L’Ouzbékistan, en si peu de temps, a adopté près de 80 outils internationaux relatifs aux droits de l’homme, et signé les six principaux traités des Nations Unies et quatre protocoles facultatifs en la matière. Régulièrement, le pays soumet des rapports de mise en œuvre au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. C’est seulement par l’adoption d’une stratégie à long terme sur les droits de l’homme qui contribuera à l’élaboration et à la mise en œuvre efficaces des politiques étatiques, que le pays deviendra un des pays les plus modernes, tolérants, ouverts et stables de la région. La reconnaissance de la communauté internationale et l’intégration du pays passe inévitablement par là. Les prochaines élections présidentielles auront lieu d’ailleurs en octobre prochain et M. Mirziyoyev défendra alors son bilan.

Henri Fourcadis

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