Des présidents d’universités boycottent un sondage sur l’antisémitisme

 Des présidents d’universités boycottent un sondage sur l’antisémitisme

Photo : Dimitar DILKOFF / AFP)

Ils ne diffuseront pas à leurs enseignants et personnels administratifs l’enquête sur l’antisémitisme commandée par le ministère de l’Enseignement supérieur.

Ce sondage a suscité un fort émoi dans la communauté académique. Il « pose un certain nombre de problèmes dans sa conception et les questions posées », peut-on lire dans un courrier de France Universités, association qui regroupe plus de 70 présidents d’universités et d’écoles publiques du supérieur.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a mandaté le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) pour bâtir une enquête sur l’antisémitisme dans le monde universitaire.

Selon le ministère, l’enquête s’inscrit dans un « programme d’étude inédit visant à comprendre, mesurer et prévenir les manifestations de l’antisémitisme au sein des universités et des établissements de recherche », initié en avril.

Politisation artificielle

Le sondage, de 44 pages, auto-administré en ligne, demande par exemple de classer de « tout à fait vraie » à « tout à fait fausse » certaines « opinions que l’on entend parfois à propos des juifs », comme « globalement, les juifs sont plus riches que la moyenne des Français ».

Les répondants doivent préciser leur âge, leur genre, leur région ou type d’établissement, leurs fonctions, et se situer sur le spectre politique.

« En associant dans les mêmes tableaux des positions politiques et des propos ou actes antisémites, le questionnaire contribue à politiser artificiellement un sujet qui requiert au contraire rigueur, précision et objectivité », ont dénoncé le Syndicat national de l’enseignement supérieur, la CGT FERC Sup, Sud Éducation, SNPTES-Unsa, la Ligue des droits de l’homme, notamment.

« Loin de renforcer la lutte contre l’antisémitisme, cette démarche contribue à créer de la confusion, à alimenter des polémiques et des émotions », poursuivent les associations et syndicats.

Face aux critiques, le Cevipof, qui a fait appel à l’institut de sondage Ifop, a défendu sa méthodologie, « classique et éprouvée », et assuré que « toutes les garanties » avaient été mises en place « pour préserver l’anonymat des répondants ».