Saïd Chabane, l’enfant d’Alger qui fait briller Angers

 Saïd Chabane, l’enfant d’Alger qui fait briller Angers

Crédit photo : Jean-François Monier/AFP


MAGAZINE DECEMBRE 2017


Industriel à succès, le président du club de football professionnel d’Angers, originaire d’Algérie, dénote et apporte toute sa vista dans un monde du football souvent dominé par l’entre-soi. 


C’est peut-être l’un de ses faits d’armes, assurément son heure de gloire. Le 26 mai dernier, le SCO d’Angers affrontait, en finale de la Coupe de France, le Paris Saint-Germain et ses stars. Dans la tribune présidentielle du Stade de France, Saïd Chabane est assis aux côtés de Nasser Al Khelaifi, son homologue parisien, et d’Emmanuel Macron, le chef de l’Etat, alors fraîchement élu. Le grand soir se solde par une défaite honorable du Petit Poucet du monde professionnel, 18budget de Ligue 1 avec 28 millions d’euros, soit vingt fois moins que le club de la capitale… “J’ai éprouvé une vive émotion et le sentiment que notre travail est reconnu, confie-t-il. Et voir 25 000 supporters angevins réunis à Saint-Denis, quelle fierté !”


 


Une success-story angevine


Que de chemin parcouru pour les Angevins et leur emblématique président, aussi discret qu’ambitieux ! Ce fils d’avocat, originaire de petite Kabylie, arrive en France à la fin des années 1980. Après de brillantes études à Polytechnique Alger, il intègre l’Ecole des mines de Fontainebleau. “L’exil est une épreuve. Il faut toujours se battre. Je n’avais pas de bourse, alors j’ai travaillé dans un fast-food des Champs-Elysées pour pouvoir rester.” Il complète sa formation à l’école de management d’Angers (IDCE) et s’installe dans la Sarthe, où il rencontre son épouse, Isabelle. “J’ai d’abord été consultant puis salarié dans une entreprise qui vendait des merguez et, hasard ou providence, ils cherchaient quelqu’un parlant l’arabe pour traduire des étiquettes.” Il met le pied dans le secteur avant de s’installer à son compte en 1997. Quelques mois plus tard, il achète sa première usine.


A 53 ans, il dirige aujourd’hui le très prospère groupe agro-alimentaire Cosnelle, spécialisé dans la charcuterie et les salaisons. Un petit empire qui génère 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 800 salariés. Multitâche, l’entrepreneur aime les challenges et choisit de s’engager dans le sport local. Sponsor du club du Mans, il devient actionnaire en 2011 du SCO d’Angers. Le club, fondé en 1919, a vu passé des légendes du foot telles que Raymond Kopa (international français des 1950). “Il y avait un vrai potentiel”, estime Saïd Chabane.


 


Une finale de Coupe de France et une montée en L2


Il est aujourd’hui l’actionnaire majoritaire du club à hauteur de 93 %. “Mes modèles sont feu Loulou Nicollin (président du Montpellier Hérault Sport Club, décédé en juin, ndlr) et Jean-Michel Aulas (à la tête de l’Olympique lyonnais depuis 1987, ndlr). Ils ont su pérenniser leurs clubs. Je souhaite qu’Angers retrouve son rang d’antan dans l’échiquier du football.” Avec de jolis résultats : une montée en Ligue 2, une 12e place du championnat l’an dernier et une finale de Coupe de France !


L’homme, récemment nommé au conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP), aussi acquéreur d’Angers Télé, se veut passionné mais “pas trop”. Il délègue intégralement l’aspect sportif à l’entraîneur Stéphane Moulin. Lui se concentre sur les chiffres : “Un club se gère comme une société, insiste-t-il. Il faut faire rentrer plus d’argent qu’il n’en sort.” Ses objectifs ? “On ne vise pas l’Europe pour l’instant. On est en construction, on veut rester le plus longtemps possible dans l’élite”. 


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