COP23, sur la dynamique de Marrakech

 COP23, sur la dynamique de Marrakech

crédit photo : Jessica Camille Aguirre /dpa/AFP


La 23e conférence de l’ONU sur le climat se tient du 6 au 17 novembre à Bonn, en Allemagne, sous la présidence de la République des Fidji. Le 10 octobre, les acteurs de la COP22 se sont retrouvés à Paris pour dresser un bilan des avancées depuis un an. 


MAGAZINE NOVEMBRE 2017


“C’est une opportunité qu’un Etat insulaire qui représente des pays menacés par les effets du changement climatique assure la présidence d’une COP”, s’est réjoui ­mi-octobre à Paris l’ancien ministre marocain des ­Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, lors du ­séminaire “Climat-Action, de la COP22 à la COP23”, ­organisé à ­Paris le 10 octobre. Lui-même avait présidé la COP22 l’an dernier, à Marrakech.


L’archipel du Pacifique n’étant pas en mesure d’accueillir 20 000 personnes sur un même site, ce sera donc en Allemagne, à Bonn, que se déroulera la COP23, entre le 6 et le 17 novembre. Depuis la conférence de Marrakech, la dynamique créée avec l’Accord de Paris(premier texte élaboré par l’ensemble des pays de la planète contre le réchauffement climatique, ndlr) “est appelée à devenir irréversible”, assure Salaheddine Mezouar, rappelant au passage que “168 pays ont déjà ratifié l’accord”, soit plus de 80 % des 197 Etats reconnus par l’ONU. Une avancée notable dans la perspective d’adopter les règles de mise en œuvre de l’accord de Paris en 2018 au lieu de 2020, comme convenu à Marrakech lors de la signature du partenariat.


 


A Marrakech, l’Afrique a parlé d’une seule voix


Le Maroc, fort d’objectifs volontaristes (baisse de 42 % de ses rejets de gaz à effet de serre d’ici à 2030), connaît depuis sa COP une dynamique qui touche tout le Royaume. “Il y a une forte intégration des politiques de développement durable dans les politiques territoriales, sans oublier les fabuleux acteurs de la société civile qui s’impliquent et apportent des idées”, souligne le ministre marocain. Un engagement de tous les citoyens et de tout un pays qui a su rassembler un continent derrière lui. A Marrakech, “l’Afrique a parlé d’une seule voix”, rappelle-t-il. “C’est la première fois qu’on a connu une ­dynamique du Sud”, abonde Hakima El Haite, l’ancienne ministre marocaine chargée de l’environnement.


 


Tous mobilisés


Une marche en avant à peine perturbée par le retrait américain. “On s’attendait à ce que ce retrait (notifié le 4 août pas Donald Trump, ndlr) soit désastreux par rapport à son impact, c’est tout à fait le contraire que nous avons constaté lors de cette année. La dynamique qui s’est créée depuis le retrait des Etats-Unis est juste incroyable”, affirme Hakima El Haite. Des propos illustrés par les ­engagements sur le terrain. Plus de 1 700 grandes entreprises engagées, 200 villes, 9 Etats, et des initiatives ­citoyennes qui se multiplient pour lutter contre le changement climatique.


La participation de la société civile est essentielle insiste la ministre : “Il n’y a plus de ­séparation entre le monde des négociateurs et les acteurs non étatiques. Le climat nous menace tous. On a besoin d’une rupture dans la manière dont nous concevons le monde. Si on veut changer les choses, il faut une autre politique. Aujour­d’hui, nous finançons encore du charbon, il faut arrêter”. Un message à peine voilé à destination de la Pologne qui accueillera la COP24 en 2018. Selon une étude réalisée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) le charbon était à l’origine de 81 % de l’électricité produite dans ce pays en 2015. Un secteur qui fournit près de 100 000 emplois. Les débats autour de ce sujet s’annoncent donc tendus. 

Jonathan Ardines