Eurovision : plus de 60 anciens participants demandent l’exclusion d’Israël du concours

(Photo de fond du nouveau-né palestinien, par JOEL SAGET / AFP)
Un vent de contestation souffle sur l’édition 2025 de l’Eurovision. Dans une lettre ouverte rendue publique cette semaine, plus de soixante anciens participants au concours, soutenus par le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) et le collectif Artists for Palestine UK, appellent à l’exclusion d’Israël de la compétition. Une initiative inédite, adressée à l’Union européenne de radio-télévision (UER), qui dénonce la complicité du diffuseur public israélien KAN dans ce que les signataires qualifient de « génocide en cours à Gaza ».
« Nous refusons que la musique soit utilisée pour blanchir des crimes contre l’humanité », écrivent les artistes, soulignant leur indignation face à la participation d’Israël à un concours censé célébrer l’unité et la diversité culturelle en Europe.
Pour les signataires, permettre à Israël de concourir revient à « normaliser » ses actions militaires à Gaza et à « blanchir » ses violations répétées du droit international.
Dans leur lettre, les artistes pointent également du doigt ce qu’ils appellent une politique de « deux poids, deux mesures » de la part de l’UER. Alors que la Russie et la Biélorussie ont été exclues du concours pour des raisons politiques, Israël continue de participer malgré les accusations graves portées contre lui.
Les signataires dénoncent ainsi une édition 2024 « particulièrement politisée et désagréable », évoquant un traitement de faveur dont aurait bénéficié la délégation israélienne.
L’attitude du radiodiffuseur KAN est également mise en cause. Celui-ci aurait tenu, lors des retransmissions en direct, des propos jugés offensants à l’encontre d’autres délégations.
Le ton s’est encore durci après des déclarations d’Eran Cicurel, rédacteur en chef de KAN, pour qui l’Eurovision constitue une « arène critique pour le plaidoyer israélien ». Une affirmation perçue par les signataires comme la preuve que l’État hébreu instrumentalise la scène musicale pour des objectifs diplomatiques.
Cette prise de position intervient dans un contexte de tensions internationales croissantes autour du conflit israélo-palestinien. La situation humanitaire à Gaza, soumise à un blocus total et à des bombardements continus, est qualifiée de « catastrophe » par de nombreuses ONG.
Les accusations visant Israël se sont encore renforcées après la décision historique rendue le 19 juillet 2024 par la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a déclaré « illégale » l’occupation de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et la bande de Gaza.
La CIJ a également reconnu un « régime de ségrégation raciale et d’apartheid », appelant les États membres de l’ONU à prendre des mesures concrètes comme l’imposition de sanctions.
Pour les auteurs de la lettre, l’UER est désormais à un tournant. « L’organisation ne peut plus se rendre complice de la dissimulation de crimes contre l’humanité », écrivent-ils, exhortant les responsables du concours à faire un choix clair : « se ranger du côté de la dignité humaine et du droit international, ou cautionner, par son silence, l’impunité d’un État responsable d’exactions massives ».
Israël, qui a rejoint le concours en 1973, reste l’un des rares pays non européens à participer à l’Eurovision. Il en a été vainqueur à quatre reprises, dont la dernière en 2018 avec le titre Toy de la chanteuse Netta.
Selon le règlement de l’UER, toute victoire donne le droit – et le devoir – d’organiser le concours l’année suivante. Une perspective que certains jugent aujourd’hui inacceptable, tant que les accusations visant Israël n’auront pas été traitées.
La finale de l’Eurovision aura lieu le samedi 17 mai et sera retransmise en direct sur France 2.
L’UER n’a pour l’heure pas réagi publiquement à cette nouvelle demande d’exclusion.
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