Football. La CAN des Quartiers revient en force à Saint-Denis

CAN des Quartiers Saint-Denis 2025 – Présentation des t-shirts de chaque équipe. Photo : DR
Du 4 au 6 juillet 2025, l’association 7 Dreams organise à Saint-Denis (93) sa deuxième édition locale de la CAN des Quartiers, un tournoi de football amateur inspiré de la Coupe d’Afrique des nations. Né en 2019 dans le Val-de-Marne et l’Essonne, cet événement célèbre les cultures africaines, le talent des banlieues et l’unité populaire, en réunissant des équipes composées de joueurs d’origine africaine.
Rapidement devenu viral grâce aux réseaux sociaux, le tournoi s’est multiplié dans de nombreuses villes, porté par l’enthousiasme des jeunes et le soutien local. Aujourd’hui, la CAN des Quartiers s’est imposée comme un mouvement populaire, où le sport devient un vecteur de fierté, de cohésion et de représentation.
À Saint-Denis, c’est le Vélodrome qui accueillera cette deuxième édition locale. Rencontre avec Mohamed Abdi, cofondateur de l’événement.

LCDL : Vous relancez cette année la CAN des Quartiers à Saint-Denis. Comment est née cette aventure ?
Mohamed Abdi : À l’origine, c’était juste un rêve de gamins. On voulait créer quelque chose de positif, un moment qui rassemble autour de ce qu’on aime tous ici : le foot. En 2019, on a organisé un premier tournoi, avec trois fois rien : un ballon, quelques potes, pas de maillots, mais une grosse envie.
Et en 2025, vous passez à une autre dimension ?
Complètement. Cette année, la CAN officielle se joue au Maroc en décembre prochain, alors on s’est dit que c’était le bon moment pour relancer la nôtre. Cette fois, on voit les choses en grand. Du 4 au 6 juillet, on organise un vrai tournoi, sur un vrai terrain, avec une vraie tribune : le Vélodrome de Saint-Denis. C’est un lieu fort, un peu cabossé, mais qui nous ressemble.
Qu’est-ce qu’on peut attendre sur le terrain ?
Il y aura huit équipes : Maroc, Tunisie, Algérie, Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Congo, et une équipe “Reste du monde”. Trois jours de tournoi, seize matchs au total. L’ambiance sera compétitive, mais toujours dans le respect, le fair-play, la fraternité. On joue pour gagner, mais surtout pour partager.
Ce n’est pas juste du foot, c’est aussi une fête populaire ?
Oui, c’est bien plus que ça. C’est un moment de lien, un hommage à nos origines. Chaque équipe portera un maillot imaginé par Maison Château Rouge, une marque emblématique du style afro-urbain. Les tenues ont été conçues à Paris, puis fabriquées entre Abidjan, Dakar et Bamako… C’est un vrai pont entre nos racines et notre vie d’aujourd’hui.
Vous avez fédéré de nombreux partenaires, c’est important pour vous ?
Oui, c’est une vraie reconnaissance. Notre sponsor principal, c’est Heetch, une plateforme de VTC très présente dans les quartiers, donc le lien était évident. Pendant ces trois jours, les utilisateurs de Heetch se verront proposer une ristourne pour venir au tournoi. On est aussi soutenus par Vinci Energies, Intermarché, le Département de la Seine-Saint-Denis et la Ville de Saint-Denis. Avec Vinci, j’ai une histoire particulière : j’y ai fait un stage il y a quelques années. Depuis, on a pu y faire embaucher des jeunes de chez nous. Aujourd’hui, ils nous soutiennent en retour. C’est une belle boucle.
L’ambiance promet d’être festive ?
Carrément. Il y aura du foot, bien sûr, mais aussi de la musique, des stands, une vraie ambiance de quartier. Le vendredi 4 juillet à 19 h, on lance le tournoi avec un match d’ouverture. Le samedi, place aux phases de poules.
Vous accordez aussi une place importante au foot féminin cette année, pourquoi ?
On veut que ce soit un moment pour tout le monde, dans toutes ses dimensions. Le foot féminin a encore besoin de visibilité. C’est pour ça qu’on a intégré un match féminin local dès cette édition. Il aura lieu le vendredi, juste avant le match d’ouverture du tournoi masculin. Ce sera un moment fort, avec des clubs de la région qui vont montrer leur talent. Et dans la foulée, on diffusera sur écran géant le match d’ouverture du Championnat d’Europe féminin. On veut que les filles se sentent autant à leur place sur ce terrain que les garçons. L’idée, c’est d’ouvrir la voie : l’an prochain, on espère pouvoir organiser la toute première CAN féminine des quartiers.
Au fond, qu’est-ce qui porte ce tournoi selon vous ?
La fierté et le partage. La CAN des Quartiers, c’est Saint-Denis : multiculturelle, vivante, engagée. On est Français, on est fiers de nos origines, et on veut que ça se voie. Ce tournoi, c’est notre manière de montrer qu’on peut créer des choses fortes, belles, ensemble. C’est un événement fait par nous, pour nous, mais ouvert à tous. Un moment où le foot devient un langage commun, et raconte nos histoires.
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