De Villepin, celui qui redit non

 De Villepin, celui qui redit non

Avec Le pouvoir de dire non, cet ancien ministre des Affaires étrangères décrit un monde au bord de l’épuisement. Face au fracas des bombes et au silence assourdissant de ceux qui laissent faire, il brandit l’arme des mots et esquisse son programme pour 2027.

Longtemps resté en retrait, Dominique de Villepin a fait un retour remarqué dans le débat public au lendemain du 7 octobre et de la riposte génocidaire qui s’en est suivie. Depuis, l’ancien Premier ministre a multiplié les interventions — tribunes, interviews et même une apparition surprise à la Fête de l’Humanité — pour dénoncer le silence autour de ce qu’il qualifie de « plus grand scandale historique ».

Ces dernières semaines marquent une nouvelle accélération avec le lancement d’un parti, La France humaniste, et la sortie d’un livre intitulé Le pouvoir de dire non chez Flammarion. Deux initiatives qui lèvent tout doute sur ses ambitions pour 2027.

L’ouvrage s’articule comme un discours de campagne. En tribun lyrique et aguerri, l’ancien chef de la diplomatie française commence par un large tour d’horizon géopolitique. De Gaza à l’Ukraine, en passant par les États-Unis sous la coupe de Trump, il brosse un alarmant portrait du monde. Nous ne traversons pas une simple zone de turbulences, mais vivons un véritable changement d’ère dans un contexte d’épuisement généralisé. La Terre brûle, les démocraties vacillent et le populisme triomphe.

Le « monde entier est devenu un champ de tensions », écrit-il. La guerre n’est plus un accident isolé mais « un arrière-plan permanent ». La paix n’est plus qu’une « parenthèse tactique ». Nous sommes entrés dans un nouvel âge de fer, et il a pour visage terrifiant Gaza, où le droit international a cessé d’exister.

Après ce tableau inquiétant, le diplomate recentre son propos sur l’Europe, qu’il convient de refonder pour redonner à la France la voix forte qui fut la sienne à l’international. C’est l’homme qui, en 2003 à l’ONU, osa dire non à la guerre en Irak et fut applaudi pour cela, qui s’adresse à nous.

Aujourd’hui, il exhorte à la construction d’une République des vivants, dernier volet de l’ouvrage, où il invite les Français à s’engager dans un projet collectif, inclusif des différences, fondé sur la souveraineté citoyenne et le renforcement du lien social. Elle reposerait sur un socle républicain rénové, où la laïcité n’est plus un outil d’exclusion mais un garant du vivre-ensemble, permettant à chacun de trouver sa place dans une société plus humaine et solidaire.

Des perspectives qui ont tout d’un (prometteur et alléchant) programme de campagne à peine voilé.