Forum des Droits Humains. Essaouira fait entendre un autre récit

 Forum des Droits Humains. Essaouira fait entendre un autre récit

Les mobilités humaines ne sont pas un « problème » à gérer, mais une dynamique fondamentale de notre monde contemporain

La douzième édition du Forum des Droits Humains s’est tenue à Essaouira les 20 et 21 juin 2025, dans le cadre du Festival Gnaoua et Musiques du Monde.

Cette année, les débats ont porté sur un enjeu majeur et universel : les « Mobilités humaines et dynamiques culturelles ». Durant trois jours, artistes, chercheurs, intellectuels et militants des droits humains venus des quatre coins du monde ont échangé autour de ces questions complexes, à l’invitation du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME).

La culture, un levier oublié du débat migratoire

Dès l’ouverture, Neila Tazi, fondatrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, a rappelé l’urgence de replacer la culture au cœur du débat sur les migrations. Pour elle, les mobilités humaines ne se limitent pas à des enjeux économiques ou géopolitiques, mais participent directement à l’enrichissement et au renouvellement des expressions culturelles.

« Les migrations représentent des moteurs essentiels de la création culturelle. C’est en changeant de lieu de vie que les individus transportent avec eux leurs langues, leurs croyances et leurs pratiques artistiques. »

Depuis sa création, le Forum s’est imposé comme un espace de réflexion engagé, à la croisée des idées critiques, des engagements citoyens et des expériences artistiques. Face à un monde marqué par les crispations identitaires et les replis nationalistes, cette édition a proposé un contre-récit, un regard pluriel sur les migrations et leurs résonances culturelles.

Diversité des profils migratoires 

La leçon inaugurale a été prononcée par Driss El Yazami, président du CCME, qui a rappelé les facteurs multiples expliquant les mouvements migratoires : tensions géopolitiques, crises économiques, changement climatique, inégalités, ou simplement la volonté d’améliorer ses conditions de vie.

« Aujourd’hui, un milliard de personnes sont en mobilité à travers le monde. Tous les pays sont traversés par ces dynamiques migratoires, avec deux tiers des migrants installés en Europe et en Asie. »

Loin de l’image unique du travailleur migrant du Sud vers le Nord, Driss El Yazami a souligné la diversification croissante des profils migratoires : circulation des compétences, étudiants internationaux, cadres professionnels, mineurs non accompagnés… Des réalités complexes qui mettent à rude épreuve des politiques d’accueil souvent pensées sur des modèles dépassés.

« Un nouveau mode de gestion s’impose face à cette diversité grandissante, pour en finir avec une approche uniforme qui ne correspond plus à la réalité. »

Essaouira, un carrefour symbolique

Le choix d’Essaouira pour abriter ce forum n’est pas anodin. Ancienne cité cosmopolite, port d’échanges et terre de brassage, la ville incarne historiquement une culture de dialogue et d’ouverture, fidèle à l’esprit du Festival Gnaoua. Dans cette continuité, le Forum des Droits Humains propose chaque année de réconcilier les récits migratoires avec la richesse des cultures en mouvement.

Alors que le festival s’est clôturé samedi 21 juin, cette édition du Forum aura permis de rappeler que les mobilités humaines ne sont pas un « problème » à gérer, mais une dynamique fondamentale de notre monde contemporain, source de création, d’innovation, et d’humanité partagée.

 « Un nouveau mode de gestion s’impose face à cette diversification grandissante des profils migratoires, qui met à l’épreuve les politiques d’accueil, souvent considérés comme des profils uniques ».

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