Gaza : « Il faut aujourd’hui nommer le « génocide » »

Strasbourg – 05/10/2024. Manifestation de soutien au peuple palestinien : « Après un an de génocide à Gaza,(Photo : FREDERICK FLORIN / AFP)
Dans une tribune, des écrivains montent au créneau pour mettre un mot sur ce que fait Israël en représailles de l’attaque du 7 octobre 2023. Ce mot, c’est « génocide ».
« Tout comme il était urgent de qualifier les crimes commis contre des civils le 7 octobre 2023 de crimes de guerre et contre l’humanité, il faut aujourd’hui nommer le « génocide » », déclaraient hier (26 mai) des écrivains francophones dans une tribune publiée dans le quotidien Libération.
Ils sont 300 à avoir co-signé cette tribune. Parmi eux, Leïla Slimani, Virginie Despentes ou encore Mohamed Mbougar Sarr, qui s’appuient sur le constat de juristes internationaux et d’organisations de protection des droits humains, et invitaient à ne plus se voiler la face.
Plus qu’un slogan
« La qualification de « génocide » n’est pas un slogan. Elle implique des responsabilités juridiques, politiques, morales. Nous ne pouvons plus nous contenter d’appeler cela une « horreur », de faire montre d’une empathie générale et sans objet, sans qualifier cette horreur, ni préciser de quoi il s’agit », insistent les écrivains.
Outre les nombreuses morts de civils palestiniens, les hommes et femmes de lettres regrettent la destruction des « lieux de l’écriture et de la lecture » comme les bibliothèques, les universités ou les parcs. Les écrivains ont également rendu hommage à la poétesse palestinienne Hiba Abu Nada, tuée par des bombardements israéliens le 20 octobre 2023.
Les 300 écrivains demandent des sanctions contre l’État d’Israël, un cessez-le-feu immédiat et la libération de tous les otages.
> À voir :
Hommage à Hiba Abu Nada — La romancière Sihem Benchekroun revient sur le parcours de la poétesse palestinienne Hiba Abu Nada, tuée à Gaza le 20 octobre 2023, et rappelle l’importance de la voix des artistes dans les tragédies humaines.
Agir
Le 13 mai dernier, Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l’ONU, interpellait sans détour les membres du Conseil de sécurité : « Allez-vous agir maintenant – de manière décisive – pour prévenir un génocide et garantir le respect du droit international humanitaire ? (…) Peut-être dirons-nous avoir publié une déclaration… Ou peut-être utiliserons-nous ces mots creux : « Nous avons fait tout ce que nous pouvions. » »
Le mot « génocide » est de plus en plus utilisé depuis le 29 décembre 2023 et la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël pour « génocide » à Gaza, auprès de la Cour internationale de justice (CIJ). Depuis, la CIJ a déjà prononcé six avis conservatoires, dont la demande faite à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission d’actes » génocidaires.