Halima Ben Ali arrêtée en France à la demande de Tunis

La fille cadette de l’ancien dictateur tunisien Zine El Abidine Ben Ali, Halima Ben Ali, a été arrêtée à Paris à la demande des autorités tunisiennes, a-t-on appris mardi soir de source judiciaire.
C’est aujourd’hui mercredi 1er octobre que Halima Ben Ali sera présentée au parquet général pour « notification de la demande d’arrestation provisoire » émise par les autorités tunisiennes, puis « devant le conseiller délégué pour statuer sur (son) placement sous écrou extraditionnel ou sous contrôle judiciaire », a-t-on ajouté de même source, sans toutefois préciser le motif exact de la demande de Tunis.
Une audience devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel, compétente en matière d’extradition, aura lieu ultérieurement, précise cette même source. « Ma cliente est victime d’une chasse à la femme déclenchée par la Tunisie, d’un acharnement sans précédent », s’est indignée auprès de l’AFP Samia Maktouf, son avocate.
Notice rouge Interpol
Selon cette dernière, Mme Ben Ali fait en effet l’objet d’une notice rouge Interpol émise par la Tunisie pour des accusations de détournements de fonds. Elle précise que la trentenaire avait déjà été arrêtée à la demande de la Tunisie en 2018 en Italie, mais qu’elle avait pu à l’époque obtenir sa libération.
« Ma cliente n’a jamais commis de crime ou de délit et a quitté la Tunisie alors qu’elle était encore mineure », à 17 ans, assure l’avocate à propos de faits remontant à la révolution de 2011. « On cherche à se venger de l’ancien chef d’Etat, son père, à travers elle. Nous faisons entièrement confiance à la justice française pour faire triompher le droit ».
Pour rappel, Halima Ben Ali vit et travaille à Dubaï et allait prendre l’avion pour rentrer chez elle après un séjour de quelques jours à Paris lorsqu’elle a été interpellée à l’aéroport, a expliqué l’avocate, qui craint « un lynchage » si elle venait à être extradée en Tunisie.
Me Maktouf ajoute qu’elle va faire un « signalement » au ministre de l’Intérieur sur les conditions de l’interpellation, au cours de laquelle une policière franco-tunisienne, ayant reconnu la fille de Ben Ali, l’aurait prise à partie et traitée publiquement de « voleuse ».
Le 14 janvier 2011, Zine El Abidine Ben Ali avait fui le pays après 23 ans au pouvoir à l’issue d’une révolte populaire déclenchée par l’immolation par le feu en décembre 2010 d’un vendeur ambulant de Sidi Bouzid (centre-ouest), excédé par la pauvreté et les humiliations policières.
Il était parti accompagné de sa seconde épouse Leila Trabelsi, leur fille Halima et leur fils Mohamed Zine El Abidine. L’ancien autocrate aura passé les huit dernières années de sa vie en exil en Arabie Saoudite. Une période au cours de la quelle l’ex époux de sa sœur, Nesrine Ben Ali, le rappeur K2Rhym, s’affiche occasionnellement aux côtés de l’ancien autocrate.
Le nom d’Halima Ben Ali (33 ans) Ali figure depuis 2011 sur les listes de sanctions européennes et internationales, dans le cadre des enquêtes relatives au gel des avoirs et des biens de la famille Ben Ali-Trabelsi. Disposant selon certaines sources proches du dossier de plusieurs nationalités, et même si elle ne dispose pas pour l’heure du statut de réfugiée politique en France, Halima Ben Ali a néanmoins pour plusieurs observateurs peu de chances d’être extradée en Tunisie.
