Le Moyen-Orient et le Maghreb très inégaux face à la hausse des cours du pétrole

 Le Moyen-Orient et le Maghreb très inégaux face à la hausse des cours du pétrole

SIEGE DU FMI A WASHINGTON, AUX ETATS-UNIS. Photo : MANDEL NGAN / AFP

La plupart des pays non pétroliers du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord connaissent un « ralentissement graduel », a prévenu le FMI. À l’inverse, les pays exportateurs d’hydrocarbures bénéficient de la hausse des prix depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

La région MENA devrait connaître une solide croissance de 5% en 2022, malgré la conjoncture compliquée au niveau mondial. La croissance devrait s’afficher à 3,6% en 2023, toujours selon le Fonds Monétaire International (FMI). Même si ces prévisions sont bien meilleures que pour les autres régions du monde, elle recouvre d’importantes disparités entre les différents pays.

Ces chiffres « ne reflètent pas les défis » existants, a souligné Jihad Azour, le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI. « Le vrai problème est la combinaison de facteurs » qui pèsent sur les économies les plus vulnérables, à commencer par l’inflation. Cette dernière a en effet été revue à la hausse à 14,2% cette année dans la région, contre 13,8% dans les prévisions d’avril.

Face à la hausse des prix des matières premières, les 22 pays de la zone sont loin d’être égaux. Il y ainsi une nette différence entre les États pétroliers, qui bénéficient de l’envolée des prix du brut, et les autres. Le PIB des monarchies pétrolières du Golfe devrait croître de 6,5% cette année, en raison notamment de l’Arabie saoudite, la plus grande économie de la région (+7,6% en 2022).

 

Le pire à venir en Tunisie ?

En revanche, près des deux tiers des pays non pétroliers « connaissent un ralentissement graduel » lié au ralentissement mondial, au resserrement monétaire et à la hausse des taux d’intérêts, a prévenu Jihad Azour. Ainsi, les pays les plus pauvres de la région afficheront une croissance de 0,8% en 2022. Le responsable du FMI met notamment le Yémen, le Soudan, la Mauritanie, la Somalie et Djibouti dans cette catégorie.

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Au Maghreb, si l’Algérie profite pleinement de l’envolée des prix du pétrole et du gaz, au point de doubler son budget militaire pour 2023, ce n’est pas le cas du Maroc et de la Tunisie. Pour cette dernière, la crise mondiale actuelle s’est ajoutée à une crise politique et économique en cours depuis des années. Les pénuries de produits alimentaires et de carburant se sont multipliées cette année, sur fond de crise institutionnelle due à la gestion économique erratique du président Kais Saied, pourtant doté des pleins pouvoirs depuis juillet 2021.

Le FMI et la Banque mondiale ont ainsi successivement réduit leurs prévisions de croissance à 2,7%, puis à 2,2%, contre 3,3% en début d’année. Le budget de l’État devrait atteindre un record de 13,5 milliards de dinars (4,2 milliards d’euros) en 2022, soit plus de 10% du PIB. Dans le même temps, l’inflation est en hausse à 7,7%, contre 6,5% prévue à la même période l’année dernière.

Rached Cherif