La Maison culturelle du tapis rend hommage à l’art du tissage

« Le tapis est un livre ouvert où les mains des femmes ont écrit, avec de la laine et du temps, l’âme d’un pays. »
Niché au cœur du prestigieux quartier de Laksour, à Marrakech, un nouveau lieu culturel vient d’ouvrir ses portes : La Maison culturelle du tapis.
Bien plus qu’un simple espace d’exposition, ce Riad, construit de toutes pièces dans le respect de l’architecture marocaine authentique, propose une lecture muséale inédite du tapis marocain.
Ici, le tapis n’est ni un produit décoratif ni un objet marchand, mais un héritage vivant, un langage codé et une œuvre d’art à part entière.
Un parcours immersif à travers les territoires du Royaume
La Maison culturelle du tapis invite le visiteur à un voyage initiatique de 45 minutes, porté par une scénographie rigoureuse et didactique. Chaque salle incarne une région emblématique du Royaume : du Haut-Atlas au Moyen-Atlas, en passant par Rabat et El Haouz.
Loin d’une présentation figée, le parcours propose une lecture sensible et documentée des tapis, inscrits dans leur contexte géographique, social et symbolique.
Des pièces rares racontées comme des œuvres
Chaque tapis fait l’objet d’un storytelling précis et captivant, mettant en lumière son histoire, sa symbolique et les techniques de tissage utilisées. Issus d’une collection privée constituée sur près de cinquante ans, les tapis exposés ont été sélectionnés pour leur valeur historique inestimable — le plus ancien datant des années 1850 —, la complexité de leur exécution et, parfois, leurs dimensions rares.
Le visiteur peut ainsi admirer des tapis en soie, en laine noire, en poils de chèvre, des tapis carrés, des kilims de dots mêlant laine, soie et fils d’argent, ou encore des pièces tissées par des hommes.
Entre tradition et sacralisation de l’exception
Le parcours est enrichi par une salle moderne et une salle « Masterpiece », véritable sanctuaire dédié aux tapis de collection d’exception. Sont également présentés des objets connexes — babouches, coussins, sacoches et sacoches de selles — ainsi que des ouvrages de référence et des ustensiles traditionnels utilisés par les tisseuses : fuseaux, peignes à laine, batteurs de trame.
Une passion familiale au service de la transmission
À l’origine de ce projet se trouve Nasser Ksikes, représentant de la quatrième génération d’une famille de commerçants et collectionneurs. La Maison culturelle du tapis est l’aboutissement d’une passion familiale, mais aussi d’une volonté affirmée de préservation et de transmission.
« Après des études à l’étranger, je suis rentré au Maroc pour perpétuer le travail de ma famille. Avec ce musée, il s’agit aussi d’honorer la mémoire des tisseuses, de révéler les histoires cachées qu’elles transmettent dans leurs tapis », confie-t-il.
Quand le tapis devient mémoire des femmes
Comme le rappelle un proverbe berbère cité au fil du parcours : « Le tapis est un livre ouvert où les mains des femmes ont écrit, avec de la laine et du temps, l’âme d’un pays. »
Cette dimension mémorielle est renforcée par une salle de projection, où est diffusé un documentaire français réalisé dans les années 1940. En écho à ces images d’archives, les murs accueillent des lithographies de la même époque signées Jean Besancenot, ethnologue, peintre et photographe, auteur de l’ouvrage de référence Costumes du Maroc.
Ces œuvres dévoilent une sélection de costumes urbains et ruraux, berbères, arabes ou juifs, offrant un précieux contexte visuel et montrant comment les femmes berbères étaient habillées à l’époque.
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