Le Festival Gnaoua ouvre sa 26e édition dans une effusion musicale

Le concert d’ouverture, donné jeudi 19 juin sur la grande scène Moulay El Hassan, a marqué le coup d’envoi des festivités
C’est un rendez-vous attendu par des milliers de mélomanes à travers le monde. Fidèle à sa réputation, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira a lancé sa 26e édition jeudi 19 juin.
La cité des alizés a été transformée en véritable capitale du dialogue musical. Concerts, fusions inédites, parades festives : le festival s’impose comme un événement majeur du patrimoine culturel marocain et mondial.
Un festival au croisement des cultures
Depuis 1998, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde fait vibrer Essaouira avec un projet artistique singulier : faire dialoguer la tradition gnaoua avec les musiques du monde entier. Jazz, flamenco, reggae, musique soufie, afrobeat, rock, électro… tous les styles se mêlent au fil des éditions dans un esprit d’ouverture et de créativité. Cette année encore, quelque 350 artistes venus d’horizons variés investiront les scènes installées dans les lieux emblématiques de la ville, entre concerts en plein air et performances intimistes.
Durant trois jours, du 19 au 21 juin, le festival propose pas moins de 54 concerts répartis sur plusieurs scènes, de la mythique scène Moulay El Hassan aux espaces plus intimistes comme Dar Souiri ou la place El Minzeh.
Une ouverture haute en couleurs
Le concert d’ouverture, donné jeudi 19 juin sur la grande scène Moulay El Hassan, a marqué le coup d’envoi des festivités. Cette première soirée a réuni un plateau d’exception, reflet de l’esprit du festival : transmission, métissage et célébration.
En tête d’affiche, le grand maâlem Hamid El Kasri, figure tutélaire du gnaoua marocain, a captivé la foule par la puissance hypnotique de son guembri et la profondeur de sa voix. Accompagné par la troupe sénégalaise Bakalama, il a offert une performance vibrante où les qraqeb marocains répondaient aux tambours diola de Casamance. La foule, nombreuse et enthousiaste, a repris en chœur les refrains du répertoire gnaoui, dans une atmosphère électrique.
La chanteuse marocaine Abir El Abed a ensuite apporté sa touche personnelle, élégante et émotive, avant de laisser place à Kya Loum. L’artiste franco-sénégalaise a emporté le public dans un voyage musical entre sonorités sahéliennes et rythmes gnaoua, incarnant l’essence même de la fusion artistique.
Une rencontre puissante entre le Maroc et le Sénégal
Fondée à Dakar en 1972, la compagnie Bakalama est un pilier de la scène culturelle sénégalaise. Porteuse des traditions musicales et chorégraphiques de Casamance, la troupe s’illustre par sa capacité à conjuguer patrimoine vivant et création contemporaine. Sur la scène d’Essaouira, les tambours sabar et djembé se sont entremêlés aux rythmes lancinants du guembri, offrant une performance aussi intense qu’envoûtante.
« C’était une autre expérience, techniquement et émotionnellement », a confié Hamid El Kasri après le spectacle. « Avec Bakalama, les rythmes sont plus rapides, plus nerveux, et cela demande une adaptation permanente. Mais c’est aussi cela, le plaisir de la fusion. »
Une parade festive dans les rues d’Essaouira
Le festival, ce n’est pas seulement des concerts, c’est aussi une fête populaire qui s’empare de toute la ville. Fidèle à la tradition, la grande parade inaugurale a traversé les ruelles d’Essaouira, entraînant habitants et visiteurs dans une joyeuse effervescence. Percussions, danses, tenues colorées : musiciens gnaoua, troupes africaines et fanfares ont déambulé en procession, rappelant l’esprit festif et fédérateur de cet événement unique.
Une programmation riche et prometteuse
La suite du programme réserve encore de belles rencontres musicales. Parmi les temps forts attendus : la rencontre entre Hamid El Kasri et le jazzman américain Jamaaladeen Tacuma, la fusion entre Maâlem Houssam Guinia et les sonorités cubaines de Kumar Sublevao Beat, ou encore le dialogue prometteur entre les voix féminines d’Oum et d’artistes venues d’Afrique et d’Europe.
Le Festival Gnaoua et Musiques du Monde, fidèle à sa vocation, continue d’inscrire Essaouira dans une dynamique artistique mondiale, mêlant respect des traditions et audace créative. Jusqu’au 21 juin, la ville vivra au rythme du monde.
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