Le film sur Fatma Hassona, photographe palestinienne assassinée à Gaza, sort enfin en salles

 Le film sur Fatma Hassona, photographe palestinienne assassinée à Gaza, sort enfin en salles

Put Your Soul on Your Hand and Walk, documentaire de l’Iranienne Sepideh Farsi consacré à la photoreporteuse gazaouie Fatma Hassona, tuée lors d’une frappe israélienne, en salles à partir du 24 septembre 2025.

Présenté à Cannes en mai dernier dans la sélection ACID, Put Your Soul on Your Hand and Walk avait bouleversé la Croisette et laissé la salle en larmes. Avant sa sortie officielle le 24 septembre, le documentaire de Sepideh Farsi sera projeté dans de nombreuses avant-premières à travers la France. Il retrace le parcours de la photographe gazaouie assassinée en avril dernier.

Il y a des films qu’on regarde. Et puis il y a ceux qu’on encaisse. Put Your Soul on Your Hand and Walk, le documentaire de Sepideh Farsi, fait partie de ces œuvres qui vous laissent KO debout, comme après une claque reçue sans prévenir.

Un film né d’une conversation. Une série de visages pixelisés sur un écran, de voix coupées par les coupures d’électricité, de regards qui cherchent à se dire des choses plus grandes que la guerre. Un film qui se voulait portrait, et qui s’est transformé en tombe.

Le 16 avril dernier, un missile israélien met fin à la vie de Fatma Hassona, 25 ans, photoreporter gazaouie. Son sourire continue pourtant de briller sur l’écran. Elle avait le courage des justes, la beauté des révoltés, la foi de celles et ceux qui n’ont plus rien, sauf leur dignité. Elle est morte avec sa famille, sauf sa mère, survivante comme on l’est trop souvent à Gaza : par accident.

Son visage hante le film comme il hante désormais notre conscience.

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Un cinéma du fil tendu

Farsi, elle, filme depuis la distance. Exilée depuis quarante ans de son Iran natal, elle ne peut plus rentrer chez elle. Fatma Hassona, elle, ne peut pas sortir. Deux femmes séparées par la géographie, réunies par la lutte.

Il n’y a pas de tournage traditionnel ici. Pas de caméra dans la zone de guerre. Juste des appels vidéos, volés à la coupure imminente, captés à l’arrache comme un dernier souffle avant le silence.

Ce n’est pas un film sur la guerre, c’est un film dans la guerre.

Et c’est peut-être ce qui en fait toute la puissance. Ce que le spectateur ressent, ce n’est pas seulement l’horreur des bombes, mais aussi l’angoisse de ne pas réussir à joindre l’autre. L’écran qui affiche « reconnexion » devient plus violent qu’un obus. Parce qu’on comprend, à chaque microcoupure, que le prochain appel pourrait être le dernier.

Sepideh Farsi chez elle à Paris, le 5 mai 2025, devant un portrait de la photoreporter gazaouie Fatma Hassona, tuée lors d’une frappe israélienne à Gaza. (JOEL SAGET / AFP)

Chronique d’une vie trop courte

Fatma Hassona n’était pas seulement une photographe. Elle était la mémoire vivante d’un peuple sous blocus. Elle ne cherchait ni à plaire ni à provoquer la pitié. Elle documentait, obstinée, calme, souriante même, comme pour dire à la mort : « Tu ne me fais pas peur. » Elle voulait visiter Rome, rire dans un parc d’attractions, manger du poulet. Des rêves d’enfant pour une femme adulte condamnée à vieillir trop vite.

Son quotidien, ce sont les ruines, les visages en pleurs, les silences assourdissants. Mais c’est aussi son rire, quand ses frères curieux passent la tête dans le cadre pour voir cette « femme étrangère » à l’autre bout du monde qui s’intéresse à leur sœur. La caméra de Farsi, modeste, pudique, ne filme pas la guerre en plans larges et en effets dramatiques. Elle filme un lien. Un fil fragile, précieux, que la mort tente de couper. Mais qui résiste, comme une mèche qu’on ne parvient pas à arracher.

Un film comme un cri. Et une promesse.

Farsi ne hurle pas. Elle murmure. Elle regarde longuement l’écran de son téléphone, espère que Fatma décroche. Parfois elle sourit. Souvent, elle pleure. Le spectateur, lui, alterne entre boule au ventre et envie de hurler.

Ce n’est pas une œuvre militante. C’est pire : c’est une œuvre humaine. Le genre de film qu’on n’oublie pas. Parce qu’il vous laisse en héritage un regard. Celui d’une jeune femme qu’on n’a pas connue, mais dont on portera longtemps le prénom.

Fatma n’était pas une victime. Elle était une combattante. Une résistante. Une artiste. Elle est morte les yeux ouverts, l’appareil photo pas loin de la main. Et son image, elle, continue de vivre. Grâce à ce film.

 

Put Your Soul on Your Hand and Walk, un film de Sepideh Farsi.

France/Palestine/Iran – 1h50.

En salles le 24 septembre 2025.

Avant-premières (sélection) :

9 sept., 20h00 – Fontainebleau (Ermitage)

12 sept., 19h30 – Nice (Rialto)

13 sept., 19h30 – Villejuif (Théâtre Romain Rolland)

14 sept., 20h30 – Chilly-Mazarin (Cinéma François Truffaut)

16 sept., 19h30 – Saint-Ouen (Espace 1789)

16 sept., 20h00 – Malakoff (Cinéma Marcel Pagnol, avec Sepideh Farsi)

17 sept., 19h30 – Saint-Denis (Cinéma L’Écran, avec Sepideh Farsi)

18 sept., 19h30 – Bondy (Ciné Malraux)

19 sept., 20h30 – Nanterre (Les Lumières)

20 sept., 18h00 – Paris, Le Louxor (Reprise ACID, avec Sepideh Farsi)

22 sept., 20h30 – Lyon (Le Comoedia)

25 sept., 20h00 – Ivry-sur-Seine (Le Luxy, avec Sepideh Farsi)

 

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