Libye. Reprise de violents combats entre groupes armés rivaux à Tripoli

 Libye. Reprise de violents combats entre groupes armés rivaux à Tripoli

Colonnes de renforts avançant vers Tripoli

De violents affrontements ont de nouveau opposé des groupes armés rivaux dans la capitale libyenne, Tripoli, durant toute la nuit et se poursuivaient mercredi dans plusieurs secteurs densément habités, après des combats ces dernières 48 heures ayant fait au moins six morts, selon des sources sécuritaires, et ce malgré les annonces de stabilisation la veille du gouvernement Dbeibah se voulant pourtant rassurantes.

« Les affrontements ont repris dans Tripoli, à grande échelle cette fois, s’étendant à plusieurs secteurs, entre la Force Radaa et la Brigade 444 », a indiqué un responsable du ministère de l’Intérieur, évoquant de nouveaux combats à l’arme d’assaut. En clair, la force dite du « Radaa » (de dissuasion) n’est pas sous l’autorité du Premier ministre du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, tandis que la Brigade 444, rattachée au ministère de la Défense, le soutient.

Le 13 mai 2025, Dbeibah avait plutôt précocément annoncé la dissolution de Radaa, en même temps que le démantèlement d’organes sécuritaires contrôlés auparavant par un autre puissant groupe armé, la SSA (Autorité de soutien à la stabilité) dont le chef Abdelghani « Gheniwa » el-Kikli, a été tué lundi soir. Aucun bilan n’a cependant été donné sur des victimes ou des blessés lors des nouveaux affrontements.

 

L’ONU se dit préoccupé par l’évolution de la situation

« Alarmée par des informations faisant état de victimes civiles », la Mission de l’ONU en Libye, Manul, a appelé ce matin mercredi à l’arrêt des combats « permettant la mise en place de couloirs sûrs pour l’évacuation des civils pris au piège dans les zones de conflit intense ». La Manul a ainsi exprimé sa « profonde préoccupation face à la reprise des affrontements et à l’escalade de la violence à Tripoli », appelant « à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel ». Elle a également mis en garde contre « une situation qui pourrait rapidement dégénérer et devenir incontrôlable ».

De fortes déflagrations ont été entendues dans toute la ville surtout dans la zone du port ainsi que dans l’ouest et le sud de Tripoli, où des groupes « partisans de la Force Radaa sont venus en renfort de toutes parts du pays face aux forces de la Brigade 444 », là aussi selon une source sécuritaire. Mais d’après une autre source informée de la situation, un groupe armé de Zawiya, à 45 km à l’ouest de Tripoli, serait entré dans un quartier de l’ouest de Tripoli « pour prêter main forte à Radaa » qui serait donc loin d’avoir dit son dernier mot dans ce conflit.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des internautes ont diffusé des images de voitures en flammes, d’immeubles touchés par des tirs. La veille, au moins six personnes avaient été tuées, selon un bilan officiel, lors de violents combats entre groupes armés rivaux. Les affrontements avaient suivi l’annonce dès lundi soir de la mort de « Gheniwa », à la tête du plus puissant groupe armé de Tripoli, tué dans des circonstances non élucidées alors qu’il était venu pour une médiation dans une caserne de la Brigade 444.

Minée par les divisions depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux : celui de M. Dbeibah reconnu par la majeure partie de la communauté internationale et l’ONU, et un autre dans l’est, contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar, qui a profité de ces récents affrontements pour avancer à son tour vers Syrte. Malgré un relatif retour au calme ces dernières années, des luttes d’influence opposent régulièrement une myriade de groupes armés, particulièrement actifs à Tripoli et dans l’ouest libyen.