Coronavirus : Vers une pénurie de feuilletons ramadanesques ?

 Coronavirus : Vers une pénurie de feuilletons ramadanesques ?


Épisodes inachevés et plateaux de tournage désertés : à cause de la pandémie de nouveau coronavirus, les producteurs du Maghreb et du Moyen-Orient ont du mal à mettre en boîte leurs célèbres séries télévisées du ramadan, le mois de jeûne musulman débutant fin avril.


La plupart des pays du monde musulman ont pris à leur tour des mesures parfois drastiques pour freiner la propagation du Covid-19, forçant de nombreux studios à interrompre leurs tournages. Mais avec un public confiné à la maison, la demande en divertissements d’augmenter de manière exponentielle croissante à l’approche du ramadan, qui commence cette année la dernière semaine d’avril.


Déjà très attendus en temps normal, les « moussalslat », feuilletons ramadanesques le plus souvent hauts en couleurs, se voyaient promis à une belle audience avec le confinement quasi généralisé. Regardées par des dizaines de millions de téléspectateurs au moment de la rupture du jeûne en famille et pour occuper les longues soirées du mois saint, ces productions sont ensuite largement commentées sur les réseaux sociaux et donnent parfois lieu à d’intenses polémiques.


Chaque pays produit traditionnellement plusieurs de ses séries, diffusées sur les différentes chaînes de télévision. Les chaînes d’un même pays se livrent alors à une âpre concurrence grâce à des feuilletons aux couleurs locales qui leur permettent de regagner un public plus attiré vers les grands réseaux internationaux le reste de l’année. Pour ces médias, le ramadan est généralement une période faste pour les chaînes arabes, car les audiences et les prix de la publicité à la télévision montent en flèche pendant ce mois.


Mais, l’arrêt brutal de la vie économique dans certains pays risque de se faire sentir sur les écrans dans quelques semaines. En Tunisie par exemple, le tournage de la deuxième saison de « Nouba », la série événement du ramadan 2019 a été annoncé dès la mi-mars, avant la fin des prises de vue. Le réalisateur espérait alors être en mesure de reprendre le travail dans les deux semaines, « une fois les risques neutralisés ».


Cependant, la reprise s’annonce de plus en plus hypothétique, compte tenu de l’évolution de la situation en Tunisie, où les autorités ont prolongé le confinement jusqu’au 20 avril, soit quelques jours à peine avant le début du mois de ramadan.


 


Pénurie de moussalslat en vue


Autres pays, mais même crainte. « Le compte à rebours a commencé et nous avons besoin d’autant de contenu que possible pour le ramadan. Si nous ne pouvons pas avoir nos séries, nous allons devoir penser à acheter à l’étranger, même au détriment de la qualité », confie à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, le responsable des acquisitions d’une chaîne de télévision basée à Dubaï.


Il rapporte par ailleurs que quatre autres séries du ramadan tournées au Liban et en Syrie n’ont pas été achevées et risquent de ne jamais l’être. En Égypte, l’un des principaux pourvoyeurs de séries télévisées, aucun ordre officiel de fermeture des studios n’a été émis. Mais « 80 % des tournages ont quand même cessé », estime Achraf Zaki, chef du syndicat des acteurs.


Si certains tournages ont été interrompus, les caméras continuent de tourner dans d’autres pays comme aux Émirats arabes unis, mais sous des règles strictes, comme la limitation de personnel non essentiel sur les plateaux.

Rached Cherif