Meurtre dans une mosquée du Gard : fin de la traque mais les questions demeurent

La Grand-Combe, 27 avril 2025 – Une voiture de gendarmerie patrouille devant la mosquée Khadija après le meurtre d’Aboubakar, poignardé à mort deux jours plus tôt. (Photo : Miguel Medina / AFP)
Après le meurtre d’un fidèle d’une mosquée du nord d’Alès, le suspect s’est finalement rendu à la police en Italie. La famille de la victime demande une qualification claire de l’attaque.
C’est la fin d’une traque qui aura duré tout le week-end. Le suspect s’est rendu de lui-même dans un commissariat en Italie, hier soir (27 avril).
Le procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini, s’est satisfait de cette issue : « Face à l’efficacité des moyens mis en place, l’auteur n’a eu pour seule issue que de se rendre et c’est la meilleure chose qu’il pouvait faire ».

Toutefois de nombreuses questions demeurent et la famille de la victime attend des réponses. « À ce stade, l’analyse des éléments connus ne laisse aucun doute : il s’agit d’une attaque de nature terroriste (…) le Parquet national antiterroriste (Pnat) doit se saisir de cette affaire sans délai », indiquaient conjointement Mourad Battikh et Sara Benlefki, avocats de la famille de la victime, dans un communiqué (27 avril).
Vendredi matin (25 avril), Aboubakar Cissé a été tué dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, au nord d’Alès (Gard). Âgé d’une vingtaine d’années, il aurait reçu entre 40 et 50 coups de couteau selon Abdelkrim Grini.
Crime islamophobe ?
Selon le parquet d’Alès, après avoir asséné les coups de couteau fatals, le suspect s’est filmé proférant des propos insultants sur l’islam et indiquant « son intention de recommencer ». Le procureur a d’ailleurs confirmé que la piste islamophobe faisait partie des hypothèses.
En outre, le suspect « ne fréquentait absolument pas [cette mosquée] et n’y était a priori jamais venu auparavant », précisait Abdelkrim Grini.
« Au regard de la gravité des faits, il est impératif que la qualification retenue soit à la hauteur de l’ignominie de cet acte », réagissaient hier les avocats de la famille.
Ceux-ci ont ajouté que « la communauté musulmane, profondément meurtrie, doit bénéficier du même traitement que tout autre citoyen ».
Indignation
Hier, dimanche 27 avril, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées place de la République à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé et dénoncer l’islamophobie.
Sur place, notre confrère Nadir Dendoune a rencontré Yoro Cissé, le frère d’Aboubakar. Ce dernier a exprimé sa gratitude pour le rassemblement à Paris et a partagé des témoignages poignants sur le drame qui a frappé sa famille.
Une marche blanche a également eu lieu à La Grand-Combe (Gard), réunissant plus d’un millier de participants entre la mosquée Khadidja et la mairie, dans une atmosphère d’émotion et de solidarité.

Inquiétude
Hier encore, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est rendu à Alès, pour échanger, notamment, avec le préfet et le procureur avant de déclarer : « la piste d’un acte antimusulman n’est pas négligée, bien au contraire (…) il est hors de question de tolérer dans notre société ce genre d’actes ».
Le ministre a rappelé que des consignes ont été transmises au préfet du Gard pour renforcer les mesures de sécurité autour de toutes les mosquées du département. Avant d’annoncer, plus généralement, un renforcement de ces mesures dans toute la France.