Mohammed VI : Prendre date avec l’avenir

 Mohammed VI : Prendre date avec l’avenir

Le roi Mohammed VI du Maroc devant le Parlement à Rabat, le 11 octobre 2024. (Photo Maghreb Arabe Presse (MAP) / AFP)

Clap de fin. Le roi met fin au suspense et remet les pendules à l’heure : le royaume a ouvert des chantiers énormes dans un souci de développement assumé et « il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux, tant que le but recherché est de développer le pays et d’améliorer les conditions de vie des citoyens, où qu’ils soient ».

Dans son message aux Marocains, jeunes et moins jeunes, le souverain rappelle ainsi que « le diptyque justice sociale et lutte contre les inégalités territoriales est loin d’être un slogan creux ou une priorité conjoncturelle dont l’importance pourrait décliner au gré des circonstances ». Autrement dit, s’il y a encore des insuffisances, on ne va pas jeter le bébé des projets avec l’eau des crises conjoncturelles.

À cet égard, et pour rassurer les jeunes, le roi, qui a annoncé le lancement d’une nouvelle génération de programmes de développement, insistant au passage sur la célérité d’exécution de ses orientations dans le respect des équilibres territoriaux, a donné la priorité aux initiatives locales, à l’activité économique soutenue, à la création d’emplois pour les jeunes et à des actions concrètes en matière de santé et d’éducation.

Dans son discours à la Nation à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 5e année législative de la 11e Législature, il a indiqué que les priorités passent d’abord par « l’intérêt particulier à accorder aux régions en situation de très grande précarité, notamment les zones montagneuses et les oasis, en tenant compte de leurs spécificités et de la nature de leurs besoins », comme il est nécessaire de « mener avec sérieux l’opérationnalisation optimale des leviers de développement durable du littoral national, y compris la loi relative au littoral et le Plan national du littoral ».

Il semblerait à cet effet que le problème des élites (ministres, députés, société civile et intellectuels) pèche par un déficit de lien avec le petit peuple, comme il semble aussi que le ressenti vis-à-vis de ce que fait l’exécutif soit négatif, au point d’imposer un impératif de communication dont le chef de l’État a fait un volet central de son intervention, n’hésitant pas à rappeler à tous les décideurs l’obligation de la communication autour des initiatives engagées par les pouvoirs publics, et des différentes lois et décisions, notamment celles ayant trait directement à leurs droits et à leurs libertés.

Une mission qui n’est d’ailleurs pas du seul ressort du gouvernement. « Elle est l’affaire de tous, et vous, les parlementaires, qui êtes en première ligne, car vous êtes les représentants des citoyens. C’est aussi la responsabilité des partis politiques et des mandataires siégeant au sein des différents Conseils élus, à tous les échelons de l’organisation territoriale. Sans oublier médias, acteurs de la société civile et, globalement, toutes les forces vives de la Nation. »

Enfin, dans son « je vous ai entendus » adressé aux jeunes, Mohammed VI a redéfini « les questions prioritaires résumées aux initiatives locales, la création d’emplois pour les jeunes, la promotion concrète des secteurs de l’éducation et de la santé, ainsi que la mise à niveau territoriale ».

Avec la mise en garde d’usage : « Toute négligence affectant l’efficacité et la rentabilité des investissements publics est inadmissible. Nous exhortons, chacun à son niveau, à lutter contre toute pratique chronophage, énergivore et avide de ressources ! »

En somme, pour recouvrer la confiance dans les institutions, la reddition des comptes sera désormais un des principes fondateurs de la gouvernance de ce pays. Autrement dit, les décideurs sont appelés à méditer ces fameuses paroles de Sénèque : « La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. »