Naissam Jalal et Osloob, les « Autres » en concert

 Naissam Jalal et Osloob, les « Autres » en concert

crédit photo : Emmanuel Rojas


Elle est flutiste classique et de jazz, fille d'immigrés syriens. Il est beatboxer/rappeur palestinien d'un camp de réfugiés au Liban. De leur rencontre en 2006 au Liban, est né un album prodigieux melant jazz et hip-hop, "Al Akhareen", les Autres. Ils donnent un concert exceptionnel à l'Institut du Monde Arabe à Paris le samedi 2 Mars 2019. Interview.


Comment est né votre rencontre ?


On avait envie de créer un album ensemble, de partager nos univers. Je fais du jazz inspiré par la musique arabe. De son coté, Osloob fait du hip hop en arabe. On avait en commun d'avoir détourné une forme d'expression en étant cohérent avec notre identité propre.


Aujourd'hui, les "autres", ce sont les personnes dont l'on a peur ou qu'on aimerait découvrir. Vous vouliez transmettre ce message ?


On est dans une époque avec un fort repli identitaire qui est malsain et effrayant. C'est important pour moi d'aller à la rencontre de l'autre, de découvrir des univers différents. Et puis, nous sommes, Osloob et moi, des "autres". On voulait raconter nos histoires, celles de nos amis et de nos pays. On racontait ainsi l'histoire des autres car nous ne sommes pas individuels dans nos parcours. On est nombreux à être fils d'immigré et à ressentir les mêmes douleurs. On incarne parfaitement la figure de "l'autre". En parlant de soi, on parle aussi des autres et de leurs trajectoires. On voulait poser la question de savoir ce que représentait celui qu'on ne connait pas.


Vous venez de mondes musicaux différents. Comment on arrive à les marier ?


Il faut être à l'écoute et s'émanciper de son univers musical. J'ai une formation classique et j'ai écouté du hip hop. Osloob de son coté a toujours écouté de la soul américaine, de la musique classique et musique indienne. Notre amitié musicale est née de cet envie de faire découvrir à l'autre ce partage musical.


Vous venez de deux pays qui ont subi des malheurs. C'est important d'en parler ?


C'est un moyen d'expression. On ne raconte pas nos histoires dans un but pédagogique. Si ca peut servir à plus de bienveillance, tant mieux ! On a besoin de raconter ce qui nous est arrivé et je pense qu'il y a plein de gens qui ont envie de les entendre.


 


Autres concerts à venir :


17/03/19 : Détours de Babel – Grenoble – 09/05/19 : l'Hydrophone – Lorient – 10/05/19 : l'Hydrophone – Lorient – 01/06/19 : Festival Couleurs du Monde – 08/06/19 : Festival de Saint Cloud – Saint Cloud – 14/06/19 : Cucuron – 15/06/19 : Oppède – Aire de battage – 16/06/19 : Théâtre de verdure – Saignon – 18/06/19 : Parc Gauthier – l’Isle sur la Sorgue – 19/06/19 : Cavaillon –  20/06/19 : Parc de l’Arbousière – Chateauneuf de Gadagne

Yassir Guelzim

Yassir GUELZIM

Journaliste Print et web au Courrier de l'Atlas depuis 2017. Réalisateur de documentaires pour France 5.