Maroc – Tramway Casablanca : un chantier qui gêne

Le transport urbain est une énième source de stress et de malaise pour les habitants de la grande métropole. Depuis le début des travaux du tramway qui est censé changer le visage de la ville, la circulation est un embouteillage permanent qui n’en finit pas de révolter conducteurs comme piétons.

28 kilomètres de bousculades, de déplacement à pas comptés et d’énervement. Voilà ce à quoi semble rimer tramway à Casablanca. Sur le très long boulevard d’Abdelmoumen, plus de la moitié de la chaussée est ensevelie par le chantier, l’autre moitié est transformée en piste poussiéreuse, rocailleuse, entrecoupée par des arrêts sans signalisation. Les Casaouis ne sont pas au bout de leur peine puisque le projet n’est censé être livré qu’en décembre 2012.

Des plus et des moins

Dans la paisible cité Plateau, Khadija n’a plus où stationner. Les vieilles résidences des cheminots ont été scindées en deux rangées par le passage inopiné du Tramway. « Si on avait su à temps que le tramway passait au beau milieu de notre rue, on aurait protesté vigoureusement. Même les voitures ne passaient pas beaucoup par ici, à cause des dos-d’âne. Maintenant, nous ne pourrons plus laisser nos enfants sortir jouer dehors. Quant au bruit, n’en parlons pas ! », tempête Khadija également frustrée par la longue période de travaux.

Ce que Khadija ignore, c’est que le tramway est l’un des moyens de transports les plus discrets qui existe, promettant même de réduire la nuisance sonore dans l’espace urbain. Quant à la sécurité, l’expérience de Rabat a démontré jusqu’à présent qu’il suffit de faire preuve de plus de rigueur dans le respect du code de la route, le dispositif signalétique garantissant la sécurité des piétons et des automobilistes. La plateforme du tramway est surélevée à 90% de son trajet, sauf au niveau des carrefours où elle sera au ras du sol. Le tramway promet également de réduire la pollution atmosphérique : 15 fois moins polluants que la voiture !

Par ailleurs, l’apport de ce moyen de transport est indiscutable. La première ligne du tramway reliera les grands équipements de la ville : les universités, les gares ONCF, le centre ville historique, les quartiers des affaires, les hôpitaux, les quartiers commerçants, le Technopark et le nouveau pôle d’Anfa.

Grâce à sa large couverture, le tramway permettra de palier le manque de transports en masse qui est pour beaucoup dans le retard et l’absentéisme professionnel. Il aidera également à rétablir l’équilibre entre les différents quartiers de Casablanca et à désenclaver les périphériques. Reste à savoir si le coût du ticket sera à la portée de la masse.

Le tramway, objet de convoitise ?

Rien n’échappe aux voleurs de la grande métropole. Quatre personnes ont été déférées la semaine dernière devant le tribunal de Casablanca pour le vol de rails du tramway ! Un vol dont les dégâts sont estimés à 500.000 DH et dont les bénéfices ne dépassaient pas les 3.000 DH. La bande volait les rails dans le quartier d’Attacharouk et les revendait à Tit Mellil.

Même après le lancement du tramway, il n’existe aucune garantie que ce genre de vol cessera, dans l’impossibilité de surveiller 30 km de rails. La mobilisation de la sûreté nationale s’avère indispensable au vu de l’immense investissement que représente le tramway de Casablanca.

Fedwa Misk