Amal Oummih, au service des Marocains de New York

 Amal Oummih, au service des Marocains de New York

crédit photo : Jim Lazos


Dans une autre vie, ses missions pour les Nations unies l’ont amenée à plaider au Liban et en Suisse. Mais depuis quelques années, cette avocate d’origine marocaine s’est installée dans la “Grosse Pomme” avec un but : aider ses compatriotes. 


Née à Kénitra, Amal Oummih grandit au Maroc chez sa tante, avant de rejoindre ses parents à New York à l’âge de 8 ans – son père ayant été recruté dans les ­années 1970 par l’ONU. “J’ai eu beaucoup de chance, ­reconnaît-elle. J’ai fréquenté l’école internationale des ­Nations unies et je suis tombée amoureuse de différentes cultures.” Malgré tout, son pays d’origine lui manque, et elle décide d’y revenir une petite année, le temps de passer son brevet.


Le retour à New York, Amal poursuit ses études dans un cadre international et profite, une fois tous les deux ans, que son père soit en vacances pour s’échapper. “On rentrait au Maroc et on voyageait partout dans le monde”, se souvient-elle. Son bac en poche, elle intègre l’université locale de Fordham, où elle suit, en français, un double cursus en sciences politiques, avant de s’orienter vers une école de droit au Texas. “Après mes trois ­années d’étude, j’ai été rattrapée par la réalité des frais scolaires. Je suis donc allée travailler.”


 


Ses spécialités ? Le droit matrimonial et familial


Quand elle rentre à New York, en 1996, la jeune femme prend conscience du changement dans les rues de la ville. “Avant, on ne voyait pas souvent des Maghrébins, ­assure-t-elle. Là, il y en avait de plus en plus et des­ besoins se faisaient sentir dans cette communauté.” Elle ouvre donc son cabinet d’avocats pour les aider, en ­offrant divers services juridiques, principalement dans les ­domaines du droit matrimonial et familial, de la loi ­islamique, du droit des affaires… “En septembre 2001, les ­besoins ont doublé. J’ai vite été débordée.”


En 2006, Amal éprouve le besoin de faire une pause et travaille pour les Nations unies : au Liban, d’abord, puis en Suisse jusqu’à 2014, en tant qu’avocate au bureau de l’administration de la justice. Elle plaidera entre 50 et 75 affaires par an devant les tribunaux.


 


Membre de l’Arab American Bar Association


Revenue à New York, elle rejoint cette fois le programme des Nations unies pour le développement, en tant que spécialiste juridique, avant de réintégrer son ­cabinet. “En tant qu’avocate d’origine marocaine, j’essaye de servir ma communauté, relativement nouvelle aux Etats-Unis, en aidant ses membres à affronter les discriminations dont ils sont l’objet depuis le 11-Septembre, et qui sont exacerbées par le climat politique actuel.”


Engagée, Amal fait partie de l’Arab American Bar Association, dont l’objectif est de faire progresser les droits civiques et de permettre à la communauté, via l’éducation publique et la sensibilisation au système juridique, de participer pleinement à la société américaine. “Il y a quelques jours, j’ai pris la parole devant la New York’s ­Women’s Bar Association pour discuter des obstacles que les musulmanes doivent surmonter afin d’accéder à certains métiers. J’étais très fière de dire que mon pays, le Maroc, a autorisé les femmes à exercer le métier d’adoul (notaire de droit musulman, ndlr) pour la première fois de son histoire et toute l’assistance a applaudi.” 

Jonathan Ardines