PSG-Inter : L’Europe en ligne de mire, mais l’OM dans toutes les têtes

Des supporters du PSG à la Fan Zone de Munich. Crédit photo : Nadir Dendoune
MUNICH – Envoyé spécial. 32°C, soleil éclatant, ciel sans nuage. Dans les rues et les parcs de la capitale bavaroise, les chants en bleu et rouge résonnent dès la matinée. On sent la tension monter doucement mais sûrement. À l’approche du coup d’envoi de cette finale de Ligue des champions entre le Paris Saint-Germain et l’Inter Milan, une chose est sûre : les supporters parisiens sont venus pour écrire l’histoire. Pourtant, dans les débats, un vieux rival continue d’alimenter les conversations : l’OM.
Autour de la Marienplatz, les bars ne désemplissent pas. La bière coule à flots, les terrasses vibrent, et les drapeaux flottent au vent chaud. C’est une ambiance festive mais surveillée : les forces de l’ordre allemandes sont partout, en gilets pare-balles, oreillettes vissées, prêtes à réagir à la moindre tension. Pour l’instant, rien à signaler. Les chants, eux, montent.
« Bien sûr que je veux qu’on soulève la coupe ! Mais battre l’OM, c’est toute l’année. C’est la base. L’Europe, c’est le rêve, mais le Classique, c’est le cœur », lâche Julien, 41 ans, venu de Créteil avec son fils de 12 ans, le visage peint en bleu et rouge.
L’Europe, enfin ?
Pour beaucoup, ce match représente bien plus qu’une finale. C’est une quête entamée il y a plus d’une décennie, une ambition portée à bout de bras par des générations de supporters parfois moqués, souvent frustrés, mais toujours fidèles. Le PSG court après cette coupe aux grandes oreilles comme un amoureux éconduit court après une histoire d’amour inachevée.
« Moi j’ai 67 ans, j’ai connu le Parc avant les Qataris, avant Ronaldinho même. Ce soir, je veux juste qu’ils jouent avec le cœur. Qu’ils donnent tout. Gagner, ce serait beau. Mais j’ai déjà tout vu, alors maintenant je savoure », sourit Claudine, venue de Nantes avec son mari.
L’adversaire du soir, l’Inter Milan, n’est pas venu faire du tourisme. Redouté pour son jeu rugueux, parfois cassant, le club italien sait verrouiller. Les supporters le savent.
« J’espère qu’ils vont pas casser nos joueurs dès la 10e minute. C’est typique, ça. J’ai peur pour Vitinha, pour Dembélé aussi. Ils vont vouloir tuer le rythme », craint Youssef, 28 ans, venu de Grigny. « Mais j’y crois. On a l’équipe pour. »
Un Marseillais… mais parisien de cœur ce soir
Dans la foule colorée, un accent du Sud se fait entendre. « Je vis à Marseille depuis toujours, mais ce soir je suis PSG à fond. Mes potes là-bas vont me tuer, mais j’assume. Paris mérite cette coupe, sérieux. Et puis faut avouer, voir leur rage si Paris la gagne… ça n’a pas de prix ! », rigole Kevin, 35 ans, qui porte un maillot de Verratti 2017 fièrement sur les épaules.
Tensions dans les rues : un accroc au tableau
Mais tout n’a pas été joyeux dans la capitale bavaroise. Si l’immense majorité des fans, qu’ils soient parisiens ou milanais, partagent la fête dans une ambiance bon enfant, un incident vient rappeler que la bêtise n’a pas de frontière.
« On sortait d’une taverne, mes deux potes blancs et moi, après un super dîner typique », raconte Franck, 52 ans, originaire de Saint-Ouen. « On croise un petit groupe de supporters de l’Inter, on fait même pas attention. Et là, à 20 mètres, y’en a deux ou trois qui commencent à faire des cris et des gestes de singes. C’était choquant. T’as beau être là pour vibrer foot, certains te rappellent que t’as pas le droit de kiffer tranquille. »
Franck a préféré ne pas réagir, pour éviter que la soirée ne dégénère. Il est ensuite allé retrouver d’autres supporters parisiens pour ne pas laisser ce moment entacher sa finale.
« Je suis là pour Paris. Pour le club. On n’oublie pas ce genre de trucs, mais on ne leur donne pas le pouvoir de gâcher notre rêve », dit-il, digne.
Jeunesse insouciante, espoir brûlant
Un peu plus loin, à Königsplatz, dans la Fan Zone du PSG, des groupes de jeunes supporters improvisent des rondes et des chants. On sent une forme d’insouciance, une foi qui ne vacille pas, peu importe les échecs passés.
« C’est notre année, frère. C’est obligé. On est maudits sinon », lance Mathis, 19 ans, originaire de Toulouse, en débouchant une énième canette.
« Et puis ça fait trop longtemps que les Marseillais nous disent « zéro étoile ». Là on ferme toutes les bouches ! », enchaîne Inès, 22 ans, de Lille, lunettes de soleil roses vissées sur le nez.
Un rêve collectif, entre rires et tension
Le PSG vise la gloire européenne. Mais pour beaucoup, qu’elle arrive ou non, l’amour du maillot reste intact. Et battre Marseille dans les débats, ça, c’est tous les jours.
« L’OM, c’est le quotidien. L’Europe, c’est une fête. Et ce soir, on va faire les deux : briller et fermer des bouches », résume Nora, 29 ans, venue de Strasbourg, dans un éclat de rire.
Munich est en fête. Le PSG y croit. Le rêve est là, au bout des pieds. Reste à savoir s’il se transformera, enfin, en étoile.