Reconnecter Aubervilliers : Nabila Djebbari lance sa campagne dans une salle pleine

Nabila Dejbbari, candidate investie du collectif Reconnecter Aubervilliers.Crédit photos : AdkShoot
Samedi 13 décembre, 17 heures. L’école Firmin-Gémier, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), est déjà pleine à craquer. Nabila Djebbari y tient le premier meeting de sa campagne municipale, sous la bannière Reconnecter Aubervilliers. Toutes les chaises sont occupées, les murs servent d’appui, et dehors, les portes restent ouvertes. Faute de place, des dizaines de personnes suivent les prises de parole depuis le seuil. Plus qu’un effet de curiosité, l’affluence dit une attente.
Ville populaire de près de 90 000 habitants, Aubervilliers reste marquée par la défaite de la gauche en 2020, qui a vu l’UDI Karine Franclet s’emparer de la mairie dans un contexte de divisions. Cinq ans plus tard, un mot circule de bouche en bouche : ne pas refaire 2020.
Le meeting commence avec près d’une heure de retard. Personne ne s’en formalise vraiment. Sur scène, Khir-Din Grid, producteur et membre du collectif, joue les maîtres de cérémonie, s’excuse, temporise, relance. Dans la salle, des jeunes, des retraités, des familles, des militants aguerris. Quelques communistes sont là aussi, venus observer une dynamique qu’ils jugent crédible, même si aucun accord n’a encore été conclu avec le PC local. Les écologistes, eux, ont déjà rejoint la démarche.
« Reconnecter » une ville fracturée
À la tribune, les premières interventions donnent le ton. Naïma Cismaan, écologiste, parle d’une ville « qui mérite mieux » et d’une équipe qui « ne lâchera pas », assure-t-elle. Dans la salle, une jeune femme lâche, à voix basse : « J’espère. On entend toujours les mêmes choses ». La fracture est au cœur des discours : anciens contre nouveaux habitants, ville qui change trop vite, habitants qui ne s’y reconnaissent plus. « Malheureusement, on ne demande plus l’avis des anciens », déplore Naïma Cismaan. Un leitmotiv revient dans les échanges : « reconnecter » une ville qui ne se parle plus.
Une union plutôt qu’un parti de plus
Le collectif s’en défend : pas question de créer une force politique de plus, mais de bâtir une union sur un socle commun. Une charte, travaillée pendant des mois, sert de cadre. « Pas de marchandage, un programme clair », répètent les organisateurs.
L’écologie comme urgence sociale
Quand les écologistes prennent la parole, le propos se fait plus direct. « L’écologie n’est pas un luxe, c’est une urgence sociale », martèle Carolina Faye. À Aubervilliers, où les passoires thermiques sont légion, le message fait mouche. Elle rappelle les morts liées à la canicule de 2019 et appelle à « redonner de l’air » à une ville saturée de béton, plaide-t-elle. Ici, l’écologie se conjugue d’abord à la santé.
Des propositions très concrètes
Le programme déroule ensuite une série de propositions très concrètes : culture co-construite avec les habitants, accès au permis de conduire pour les jeunes, accompagnement à l’entrepreneuriat, politique féministe axée sur les mères isolées et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, rénovation des logements insalubres, permis de louer pour lutter contre les marchands de sommeil, végétalisation massive. À chaque fois, la salle acquiesce.
Nabila Djebbari, une candidature collective
Il est 19 heures lorsque Nabila Djebbari monte sur scène, longuement applaudie. Désignée tête de liste par le collectif, elle prend le temps de poser le cadre.« Une aventure collective ne commence jamais par un nom. Elle commence par une équipe », affirme-t-elle. Elle rappelle le travail mené depuis un an dans les quartiers, les ateliers citoyens, les rencontres de terrain. « Aubervilliers ne se dirige pas d’en haut. Elle se construit avec celles et ceux qui y vivent », insiste-t-elle. Née à Aubervilliers, elle revendique son ancrage, égrène les quartiers, raconte une ville vécue. « Ce n’est pas une ambition personnelle. C’est un destin partagé », assure-t-elle.
« Pas des discours, des actes »
Le cœur de son discours tient en un mot : reconnecter. La mairie aux habitants, les quartiers entre eux, l’action publique à l’intérêt général. Elle critique une municipalité « sourde », des décisions prises sans concertation. « Nous mettrons fin à cette manière de gouverner. Pas par des discours, mais par des actes », promet-elle. Elle déroule ensuite ses priorités : petite enfance, jeunesse, seniors, accessibilité, écologie. « On a trop souvent construit sans respirer. Ce temps-là doit changer », tranche-t-elle. Sur la sécurité, elle se garde des slogans. « La sécurité n’est pas un mot. C’est un droit », souligne-t-elle. Avant de fixer une ligne politique claire : « Nous ne serons l’otage de personne. Ni d’un parti, ni d’un lobby », affirme-t-elle.
À la sortie, l’espoir prudent
À 19 h 45, le meeting s’achève. À la sortie, les discussions se prolongent. Mourad, la trentaine, était venu « par curiosité ».
« Ça fait du bien de voir des gens d’ici. Reste à voir s’ils tiendront », glisse-t-il. Fatima, retraitée, espère « retrouver son Aubervilliers », « celui où on se parlait encore », confie-t-elle.
