Safi vibre au rythme du Festival international Gnaoua-Samba

 Safi vibre au rythme du Festival international Gnaoua-Samba

Plusieurs hommages ont été rendus à des figures marquantes de l’art gnaoui

Le rideau s’est levé, jeudi 28 aout à Safi, sur la 11ᵉ édition du Festival international Gnaoua-Samba, un rendez-vous incontournable qui met à l’honneur l’art gnaoui et les musiques du monde.

Cette manifestation, initiée par l’association Bambra pour le patrimoine gnaoui et l’échange interculturel, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, se poursuit jusqu’au 31 août. Elle ambitionne de préserver un patrimoine séculaire tout en favorisant le métissage musical et le rayonnement artistique de la Cité des Océans.

C’est par une parade bigarrée, animée par plusieurs troupes musicales, que les festivités ont débuté. Parties de la place de l’Indépendance, elles ont rejoint le célèbre site du « Tajine », où le public a assisté à une symphonie gnaouie dans le style « Kanka », typique du répertoire sahraoui gnaoui. La cérémonie d’ouverture, en présence de responsables locaux et de figures culturelles marocaines et étrangères, a également offert l’avant-première du documentaire Gnaoua, Shaddou Al-Arwah du réalisateur Nizar Al-Rawi, entièrement consacré à Safi et aux multiples expressions de l’art gnaoui au Maroc.

Un voyage musical entre traditions et fusions

Le public a ensuite vibré au rythme d’interprétations intenses, notamment avec le groupe Gnaoua-Samba dirigé par le Maâlem Abdelkabir Niam, puis avec la prestation du Maâlem Mohammed Talaq Tyor venu de Tanger. La soirée a également réuni des sonorités variées : un concert de musique traditionnelle irlandaise, une fusion audacieuse avec l’art aïssaoui portée par le Moqaddem Abderrahim Bouferdi de Safi, et une performance du Maâlem Benâacher Bchebchoub de Salé.

En parallèle, plusieurs hommages ont été rendus à des figures marquantes de l’art gnaoui, parmi lesquelles l’artiste Khalid El Barkaoui, connu grâce à l’émission télévisée Amalay, le producteur Nizar Al-Rawi, ainsi que l’artiste Saâd Ammar venu de Suède.

Une plateforme pour la transmission du patrimoine

Dans une déclaration à la MAP, le directeur du festival, Bilal Loqmari, a souligné que cet événement constitue une véritable plateforme de rencontre et de dialogue. Il met en lumière la richesse et la diversité de l’art gnaoui, particulièrement celui de Safi, cette ville portuaire située sur la côte atlantique marocaine, tout en multipliant les passerelles avec d’autres musiques venues d’horizons divers. Il a également insisté sur l’importance de rendre hommage aux Maâlems gnaouis locaux, gardiens et transmetteurs de ce patrimoine immatériel.

De son côté, Nizar Al-Rawi, venu du Luxembourg, s’est dit honoré de présenter son film en avant-première à Safi, qualifiant la ville de « haut lieu d’inspiration artistique et de mémoire vivante du patrimoine gnaoui ».

La musique comme langage universel

Au-delà des concerts, cette 11ᵉ édition se distingue par l’organisation d’une conférence internationale sur le thème : « Le rôle de la diversité culturelle et du patrimoine musical dans la promotion du dialogue entre les peuples ». Y participent des intervenants venus du Maroc, du Sultanat d’Oman, de la Suède, du Portugal et du Luxembourg.

À ce propos, Ghita Rabouli, directrice de Bayt Dakira à Essaouira, a souligné que la conférence offre un espace de réflexion sur la valorisation du patrimoine immatériel comme vecteur de dialogue interculturel. Elle a rappelé la place essentielle de la musique, langage universel de tolérance et de coexistence.

Un carrefour de culture et de mémoire

En marge des spectacles, la Cité des arts et de la culture accueille une exposition dédiée au patrimoine marocain. Présentée par la chercheuse et collectionneuse Hafida Sabbahi, elle propose une sélection d’objets et d’œuvres retraçant l’authenticité et la richesse de la culture nationale.

À travers une programmation éclectique et inspirante, le Festival international Gnaoua-Samba confirme sa vocation : être un carrefour de dialogue et de métissage, célébrant à la fois l’authenticité des traditions gnaouies et leur ouverture aux musiques du monde.

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