Saisies record de drogue en Tunisie : une alerte sur l’ampleur du trafic

 Saisies record de drogue en Tunisie : une alerte sur l’ampleur du trafic

Depuis le début de l’année, la Tunisie connaît une série de coups de filet spectaculaires contre les réseaux de trafic de stupéfiants. Ces opérations, menées par la douane, la garde nationale et la police, mettent en lumière l’ampleur croissante d’un phénomène qui dépasse la consommation locale pour s’inscrire dans les grandes routes internationales du grand banditisme.

Entre cargaisons interceptées dans les ports, prises effectuées sur les axes routiers et opérations ciblées contre le trafic dans les quartiers sensibles, les forces de sécurité affirment avoir mis la main sur des quantités record de drogue, principalement de la cocaïne et du cannabis.

Ainsi le 2 septembre 2025, une opération conjointe au port de La Goulette avait déjà abouti à la découverte de 390 000 comprimés d’ecstasy et de 12 kilos de cocaïne, pour une valeur de marché estimée à plusieurs dizaines de millions de dinars. Parallèlement à cela, 14 suspects sont arrêtés, 15 autres identifiés, et 550 000 dinars en liquide ainsi que 13 véhicules sont saisis. Le Parquet ouvrait une information judiciaire pour démanteler le réseau, soupçonné de liens avec des cartels opérant entre l’Europe et l’Afrique du Nord.

Quelques semaines plus tard, dimanche 21 septembre, c’est au port de Radès qu’une nouvelle cargaison attire l’attention. Cachée dans un conteneur de marchandises, elle recèle plusieurs centaines de kilos de drogue. Deux personnes, dont un cadre de la douane, sont interpellées et placées en garde à vue. Le lendemain, hier lundi 22 septembre, c’est encore une autre saisie qui est annoncée : plus de 36 kilos de cannabis interceptés une fois de plus au port de La Goulette, confirmant que la capitale est devenue un point névralgique du transit.

>> Lire aussi : Deux des plus grands artistes de la scène rap tunisienne sont désormais en prison

Le 3 juillet 2025, les services douaniers annoncent la saisie de 43 kilos de cocaïne dissimulés dans un camion sur l’autoroute près de Skhira (gouvernorat de Sfax), dans le sud-est du pays. Estimée à près de 13 millions de dinars, cette prise est également décrite comme « historique » par les autorités. Mais à peine deux mois plus tard, un autre record tombait donc dans la capitale.

 

Un chantier répressif auquel fait défaut le volet préventif

Au-delà de ces coups d’éclat et des arrestations de centaines d’individus, les chiffres officiels dressent un constat inquiétant. Selon la douane, rien qu’entre janvier et juillet 2025, les forces tunisiennes ont saisi 168 000 comprimés de stupéfiants, 154 kilos de cannabis et 58 kilos de cocaïne. Plus de 9 600 procès-verbaux ont été dressés et la valeur totale des biens confisqués dépasse 138 millions de dinars.

Face à cette explosion du trafic, les autorités communiquent abondamment en mettant en avant leur détermination : « La Tunisie n’est pas seulement un marché de consommation, elle est devenue une plateforme de transit », résume un porte-parole de la Garde nationale. Les syndicats de la douane insistent toutefois sur le manque de scanners et d’équipements modernes pour contrôler efficacement les milliers de conteneurs qui transitent chaque mois par les ports tunisiens.

Ces saisies d’envergure sont édifiantes quant à l’attractivité croissante du territoire tunisien pour les cartels internationaux. Carrefour stratégique entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient, le pays y est de plus en plus exposé. Des associations rappellent quant à elles que la répression ne suffira pas : sans politique de prévention, notamment auprès des jeunes, la demande locale risque d’alimenter durablement ce marché.

Si en ce mois de septembre 2025, en pleine rentrée scolaire, la Tunisie affiche un bilan exceptionnel dans sa lutte contre la drogue, derrière ces victoires ponctuelles se dessine un défi de long terme : empêcher que le pays ne devienne l’un des maillons essentiels du trafic mondial.