Tourisme et TRE à la rescousse des finances extérieures de la Tunisie

Les entrées cumulées issues des transferts de la diaspora et des recettes du tourisme ont généré plus de 8,5 milliards de dinars pour la Tunisie depuis le début de l’année jusqu’au 20 juillet 2025, selon les dernières données publiées ce weekend par la Banque centrale de Tunisie (BCT). Un apport crucial qui permet de couvrir 95,5 % du service de la dette extérieure accumulée, estimée à 8,9 milliards de dinars sur la même période.
Dans le détail, les revenus du travail de la diaspora, composés essentiellement des transferts en devises des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE), ont enregistré une hausse substantielle de 8,2 % par rapport à 2024, atteignant 4,6 milliards de dinars. Cette évolution confirme la résilience et l’importance du soutien financier des TRE à l’économie nationale, en particulier dans un contexte marqué par des tensions sur les réserves en devises.
Revenus touristiques prometteuses à mi-saison
De son côté, le secteur touristique, malgré les défis structurels et conjoncturels, a également connu une progression non négligeable. Les recettes cumulées du tourisme ont ainsi augmenté de 8,1 % pour s’établir à 3,9 milliards de dinars selon l’Office national du tourisme (ONTT). Une dynamique encourageante, traduisant une reprise progressive de l’activité touristique après des années perturbées par la pandémie, puis par des incertitudes politiques et inflationnistes.
Bien que notable, cette embellie ne doit cependant pas masquer certaines fragilités persistantes. Car toujours selon la BCT, les réserves nettes en devises étrangères ont chuté de 6,3 % en glissement annuel, passant de 24,6 milliards de dinars (équivalant à 112 jours d’importation) en juillet 2024, à 23 milliards de dinars actuellement, soit le seuil symbolique des 100 jours d’importation. Un repli qui atteste d’une pression continue sur les équilibres extérieurs du pays.
Parallèlement à cela, la circulation fiduciaire a connu une nette accélération : la BCT signale en effet une hausse de 14,5 % des billets et pièces en circulation, passés de 22 milliards de dinars en juillet 2024 à 25,3 milliards cette année. Un phénomène qui pourrait refléter à la fois une augmentation de la masse monétaire liée à l’inflation, et un recours accru au cash dans un climat de défiance envers le système bancaire qui pâtit lui-même de la nouvelle législation sur les chèques bancaires.
Si les revenus extérieurs issus du travail des Tunisiens de l’étranger et du tourisme représentent bien une bouffée d’oxygène pour les finances publiques tunisiennes, ils ne suffisent pas à dissiper les inquiétudes autour de la soutenabilité des équilibres macroéconomiques. L’actuel gouvernement a beau se féliciter d’avoir pu honorer les dettes du pays, une relance de la croissance ne pourrait advenir qu’en maîtrisant d’abord les déficits de la balance commerciale.
