Tunisie. Blanchiment d’argent : la BCT met en garde les banques

 Tunisie. Blanchiment d’argent : la BCT met en garde les banques

À la suite de la publication des résultats de l’évaluation nationale des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme durant les deux années écoulées, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a appelé le 10 octobre 2025 les institutions financières du pays à renforcer leurs dispositifs de contrôle et de conformité. Décryptage.

Cette évaluation, menée sous la coordination du Comité tunisien de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent, met en lumière « des vulnérabilités persistantes dans plusieurs secteurs », notamment bancaire, financier et non financier.

Dans un communiqué, la BCT a exhorté les banques, sociétés de leasing, établissements de paiement et autres intermédiaires financiers à « redoubler de vigilance » et à « déployer toutes les diligences nécessaires » pour prévenir les risques liés au blanchiment et au financement du terrorisme. L’institution de régulation a insisté sur l’obligation d’une application rigoureuse des mesures de vigilance à l’égard de leur clientèle, des opérations suspectes et des flux transfrontaliers.

 

Volonté politique

Le texte fait vraisemblablement suite à une énième convocation au Palais de Carthage du président de la BCT, Fethi Nouri, par le président de la République, Kais Saïed, le 6 octobre dernier, avec pour ordre du jour l’efficacité de la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF) jugée insuffisante s’agissant de son rôle dans la lutte contre le blanchiment.

La Banque centrale a également rappelé que les dispositifs internes de conformité doivent être continuellement adaptés aux évolutions du risque. Elle a appelé les établissements à renforcer leurs mécanismes de surveillance, à améliorer leurs systèmes de détection automatique des transactions suspectes et à consolider le rôle des responsables de la conformité. Cette démarche, selon la BCT, vise à protéger la solidité du système financier national et à préserver la réputation de la Tunisie sur le plan international.

La BCT a par ailleurs mis l’accent sur la formation continue des cadres et agents, soulignant la nécessité d’actualiser régulièrement les programmes relatifs à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. L’objectif est de doter les personnels concernés d’une compréhension approfondie des nouvelles typologies de risques, des obligations réglementaires et des standards internationaux édictés par le Groupe d’action financière (GAFI).

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Cette mise à jour de l’évaluation nationale intervient dans un contexte où la Tunisie cherche à consolider les progrès réalisés depuis sa sortie, en 2022, de la liste grise du GAFI. Malgré les avancées enregistrées en matière de supervision et de coopération interinstitutionnelle, plusieurs défis subsistent, notamment dans la digitalisation des contrôles, la transparence des bénéficiaires effectifs des sociétés et la surveillance des nouveaux instruments financiers, y compris les crypto-actifs.

Pour la BCT, il s’agit donc d’un rappel ferme : la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme n’est pas un exercice ponctuel, mais un processus continu qui requiert vigilance, coordination et adaptation dans la durée. En réaffirmant cet engagement, la Banque centrale entend non seulement renforcer la résilience du secteur financier tunisien, mais aussi contribuer à la crédibilité du pays auprès de ses partenaires économiques et financiers internationaux.